Un an et demi s’est écoulé depuis les dernières élections du Parlement européen, qui ont enfanté une nouvelle direction du bloc des organes exécutifs, y compris le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Josep Borrell Fontelles, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, a officiellement assumé le poste le 1er décembre 2019 et, au cours de sa première année en fonction, il s’est concentré principalement sur quatre principaux dossiers : le conflit israélo-palestinien, les guerres civiles qui se déroulent en Syrie et au Yémen, le programme nucléaire iranien et la menace d’une nouvelle crise migratoire. Cet article, le premier d’une série en quatre parties mettant l’accent sur ces questions-clés dans les relations UE-MENA, est consacré au conflit israélo-palestinien.
La pandémie mondiale du COVID-19 a servi de test majeur des priorités de la politique étrangère des pays et du potentiel d’agir sur la scène internationale. Elle a considérablement réduit les opportunités de commerce, d’investissement et de coopération économique, mais la pandémie n’a pas entraîné de changement dans les priorités politiques des grandes puissances mondiales par rapport à la plupart des différends et conflits internationaux. Mais est-ce que vrai aussi pour le cas de l’UE et son attitude à l’égard du conflit israélo-palestinien? La position et l’approche du bloc ont-elles changés ou non ?
La position de l’UE
En ce qui concerne le règlement de conflit israélo-palestinien, le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité a déclaré fin 2019 que l’UE maintiendra la même position par rapport au dossier : elle continuera à soutenir le processus de paix, qui devrait aboutir finalement à une solution à deux États. Au cours de sa première année dans son poste, Borrell a tenu cet engagement. Le 28 janvier 2020, il a répondu à la publication du plan de paix du président américain, Donald Trump, au nom de toute l’UE, en déclarant dans un communiqué officiel : «L’Union européenne étudiera et évaluera les propositions avancées. Cela se fera sur la base de la position établie de l’UE et de son engagement ferme et uni en faveur d’une solution négociée et viable à deux États qui tienne compte des aspirations légitimes des Palestiniens et des Israéliens». Cependant, quelques jours plus tard, il a été plus claire et critique envers le plan Trump, en indiquant : «L’initiative américaine, telle que présentée le 28 janvier, s’écarte des paramètres convenus au niveau international. … L’UE ne reconnaît pas la souveraineté d’Israël sur les territoires occupés depuis 1967. Les pas vers l’annexion, si ils sont mis en œuvre, ne pourraient pas passer sans contestation».
La divergence des positions des États-Unis et de l’UE sur des aspects particuliers autour du conflit israélo-palestinien n’avait rien d’inhabituel, mais le ton vif et critique de Borrell lors de son discours, venant du chef de la diplomatie de l’UE, était quelque chose de nouveau. L’UE n’était pas et n’est toujours pas prête à adopter des solutions qui ne reflètent pas le résultat d’un processus de négociation entre Israéliens et Palestiniens. Dans le même temps, l’UE a systématiquement rejeté la politique du fait accompli de l’administration Trump, comme le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et le fait d’autoriser aux Israéliens de développer des colonies sur les territoires occupés.
Sur la question des accords d’Abraham, Borrell s’est félicité de la normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan en automne 2020. En même temps, il a clairement souligné au Parlement européen que la simple normalisation des relations d’Israël avec Les États arabes ne résoudraient pas le conflit israélo-palestinien, en commentant : «C’était une étape positive et nous l’avons célébrée et saluée, mais les accords eux-mêmes ne traitent pas le conflit israélo-palestinien. Et les plans d’annexion israéliens doivent encore être abandonnés, pas simplement suspendus temporairement. Abandonnés complètement ».
Cela démontre clairement que l’UE ne réduira pas ses attentes par rapport aux autorités israéliennes en ce qui concerne le respect de leurs obligations provisoires et l’amélioration des conditions de vie et de la sécurité des Palestiniens. En revanche, cela ne signifie pas non plus que l’UE soutient les Palestiniens sans réserve au détriment d’Israël. En novembre 2020, Borrell a appelé le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki et au cours de leur conversation, il a souligné la nécessité de «renouer avec un dialogue politique significatif». L’UE attend des deux parties en conflit qu’elles s’engagent pleinement et sincèrement dans le processus de paix ».
Peu de surprises jusqu’à présent
En résumé, au cours de sa première année dans son poste, les actions du nouveau haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité peuvent être considérées comme globalement conformes aux objectifs déclarés de l’Union en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien. Jusqu’à présent, Borrell a été cohérent et il y a eu que peu de surprises. En 2020, il a eu l’occasion de souligner à plusieurs reprises la position officielle de l’UE par rapport au conflit israélo-palestinien – et il a pu s’en prévaloir. La position de l’UE est claire et il s’agit certainement d’une information précieuse pour la nouvelle administration américaine. Le président Joe Biden sait à quoi s’attendre des partenaires européens des Etats Unis et où il existe des intérêts divergents entre les deux parties en ce qui concerne les moyens et les objectifs du règlement du conflit israélo-palestinien.