Mohammed Al-Chawa
Révision de Ahmad Al-Romh
La pensée islamique croit toujours que l’idée de la charia islamique, avec ses dimensions universelles et détaillées, couvre tous les aspects de la vie. En effet, tout incident, événement, comportement ou geste auquel une personne est confrontée dans sa vie, que ce soit individuel ou en groupe, la charia lui a trouvé une disposition, obligatoire ou autre.
Malgré les complexités de la vie et l’évolution de la vie civile, l’émergence de nombreux détails et complications juridiques, et l’intersection des réseaux des relations entre les êtres humains dans notre époque actuelle, la jurisprudence islamique porte toujours et fortement cette idée, et elle considère que les sources de connaissance et de jurisprudence peuvent nous fournir une couverture globale de tous les aspects de la vie. L’idée que cette recherche veut aborder est de critiquer cette vision répandue, et de dire que la question n’est pas tout à fait comme ça, et il n’y a pas de couverture détaillée de tous les aspects de la vie par la charia islamique. Et que les preuves sur lesquelles se sont basées tirées du Coran et de la Sunna ou de la conscience ne sont pas précises.
Il considère la charia comme étant une série de hautes valeurs et de règles majeures, ainsi qu’une série de limites que le Coran appelle les limites imposées par le Dieu, qui régissent la vie humaine.
Mais cela ne signifie pas qu’à l’intérieur de ce cercle, les limites imposées par le Dieu, la charia impliquée dans tous ces détails et a trouvé une disposition pour tous les faits.
La question n’est pas forcément ainsi. Il y a un large domaine de détails dans lequel la charia est intervenue et a donné son avis, mais il y a aussi de nombreuses questions émergentes pour lesquelles la charia n’a pas donné d’avis détaillé, mais plutôt une couverture légitime. Par conséquent, la conscience islamique doit, elle-même, grâce à l’expérience humaine, établir une série de lois qui répondent à ces valeurs islamiques et à ces limites et ne les violent pas. Ces lois comblent ce vide, où il n’y a aucun texte, elles l’expriment dans la logique du vide législatif ou non-dit de la charia. En effet, la conscience humaine doit donc promulguer des lois pour organiser ce cercle de la vie humaine, à la lumière de ces valeurs supérieures et à la lumière de ces grandes lignes sans pour autant violer les limites imposées par le Dieu dans ce cercle.
C’est l’idée centrale sur laquelle se penche la recherche. Dans cette optique, la charia ne fixe pas des lois pour tous les détails de la vie quotidienne, mais plutôt elle établit des lois pour un domaine important, mais en même temps elle laisse un autre espace important pour l’Homme pour qu’il établisse des lois grâce à sa conscience, guidé par les orientations et les valeurs de la charia sans violer ses limites et ses dispositions.
Le contexte dans lequel la problématique de la recherche est née est à l’origine un contexte théologique, qui a établi les fondements du concept de l’universalité à travers (l’idée de l’intervention de Dieu) dans le monde et la gestion de ses affaires et les affaires de l’Homme.
La recherche a présenté trois tendances philosophiques et verbales dans ce contexte :
- La position des religions monothéistes par rapport à l’idée de Dieu et sa liaison avec le monde : elles affirment que ce lien prend deux formes, le lien ontologique formateur et le lien d’orientation et de guider et il est exprimé par les prophéties.
- La position de l’athéisme qui ne croit pas à l’idée de l’existence de Dieu, et pour lui ne veut rien dire l’intervention du Dieu dans le monde.
Les partisans de la position déiste, ou de la soi-disant doctrine naturelle, disent que Dieu n’interfère pas dans le monde, car ils croient en Dieu et ne croient pas aux religions et aux prophéties.
L’idée de «l’intervention de Dieu» est donc l’idée centrale de ce débat, et à travers ces visions contradictoires, des questions ont émergé qui expriment l’importance de cette recherche à travers la charia et le domaine de son intervention dans la gestion de la vie humaine et qui représente la référence dans la vie politique, économique et sociale ? Dans quelle mesure cette expérience humaine est-elle fiable et dans quelle mesure ne l’est pas? Et dans quelle mesure le texte constitue-t-il son alternative ou ne l’est pas ? L’importance de cette recherche réside également dans son impact sur les éléments de la jurisprudence du constant et de variable et dans les problèmes émergents et les variables contemporaines. Et qui est le législateur, est-il le Dieu seul ou y-a-t-il un autre législateur autre que Dieu pouvant établir des lois pour la vie humaine? Quelle est la nature du rapport entre la charia et la vie? La loi couvre-t-elle tous les aspects de la vie? Et à quel point, la recherche a pu répondre à toutes ces questions à travers les quatre axes principaux de la recherche, à savoir :
- Le concept d’universalité de la charia, son essence et ses preuves
- Le constant et la variable et la question de l’universalité de la charia
- Les limites de la religion et de la charia, Abdolkarim Soroush en tant qu’exemple.
- Les courants de l’islam politique et l’adoption de l’universalité de la charia.
À travers cette perception et les visions que nous avons présentées dans la recherche, il devient clair que le sujet du domaine de la charia et de ses interventions et la taille des données présentées par rapport à la taille des faits, est un sujet problématique qui revient également vers la relation du texte à l’intellect (dans son sens global ou dans sa signification individuelle relative) .Si l’espace de la religion est étendue – l’espace de la charia- l’espace de la conscience recule alors, et l’ampleur du conflit attendu sera plus grande, et vice versa.
A la lumière de la relation supposée entre la religion d’une part et la raison, l’expérience humaine et la science de l’autre part, nous avons parlé de l’ampleur de la relation entre la religion et la laïcité, dans le sens de la séparation de la religion de l’État et de la gestion politique sociale. Si l’espace de la charia devient plus grand, les chances de réconciliation diminuent (nous voulons dire par la laïcité que la gestion de la vie humaine est une aaffaire humaine et temporaire et que le pouvoir est une question purement humaine.
Et cette recherche a également tenté de déterminer l’identité de la charia dans une certaine mesure et le domaine de son intervention, et de définir pour nous – dans une certaine autre mesure – notre position par rapport à la conscience humaine et l’expérience de la gestion de la vie, ainsi que de nous attribuer la référence dans la promulgation des lois politiques, sociales, économiques et autres. Et la nature du traitement de la charia avec les changements et les variables, qui établit la jurisprudence des variables et des calamités.
La recherche a prouvé clairement qu’il n’y a aucune preuve réelle, ni dans la conscience ni dans la transmission, confirmant l’idée de l’universalité de la charia dans sa signification détaillée, comme chez les juristes et théoriciens des groupes islamiques et même dans la conscience islamique collective. C’est vrai, la charia couvre une partie importante de la vie des gens, mais elle ne couvre pas tous les faits et les besoins législatifs d’une façon détaillée détail, jusqu’au Jour du Jugement. C’est une illusion qui n’est pas approuvée ni par le Coran, ni par la Sunna, ni par la conscience ou la logique variable de la vie. À partir de là, il est nécessaire que la conscience humaine pénètre dans ce domaine du non-dit dans la charia pour nourrir notre conscience religieuse, humaine civilisationnel pour parvenir à un avenir plus pacifique, plus prospère et plus juste pour nos sociétés, voire pour toute l’humanité.