Le paysage semble pour l’observateur de la situation des pays arabes et islamiques, très incohérent et flou, étant donné les circonstances dans ces pays sur les plans social, politique, économique et culturel. Il y a un gap énorme entre la Turquie en tant que pays islamique et la Syrie. Idem pour l’Indonésie et la Tunisie. Pourquoi plusieurs pays islamiques en Asie ont-ils pu rejoindre le rang des pays développés, et le terme des tigres asiatiques y est appliqué à notre renaissance au sens large, tandis que d’autres s’enfoncent dans plus de problèmes, et s’enlisent dans l’abîme de la pauvreté, de l’ignorance et du sous-développement ? Là, on ne posera pas la vieille question sous sa forme de renaissance, dont de nombreux penseurs ont abordé depuis la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, soit la question : pourquoi ont-ils pu avancer et pourquoi avons-nous pris du retard ? Nous essaierons plutôt de faire la recherche en profondeur d’un phénomène qui, selon nous, est une cause majeure ayant freiné l’illumination et l’innovation au niveau de la structure mentale arabe, particulièrement au niveau de sa partie religieuse.
Cette étude comparative tente de se focaliser sur la troisième confrontation, nécessitant courage et conscience de nos choix futurs, notamment en ce qui concerne la compréhension de la religion, qui fait partie de la vie de beaucoup et qui ne peut être exclue d’une part et étant donné son rapport avec la vie, la politique et à l’État de l’autre. Tout cela se passera selon une étude de comparaison entre les points de vue du penseur pakistanais, Abul Ala Maududi et le penseur syrien, Dr. Muhammad Shahrour, et entre la vision de chacun d’eux par rapport à la relation entre la religion et l’État.
Premièrement : innovation ou illumination
On commencera par la comparaison entre ce que pensent de nombreux spécialistes de jurisprudence et théoriciens de la pensée islamique, et entre l’opinion et la jurisprudence du docteur Muhammad Shahrour par rapport à ce sujet.
Partons aussi de la vision du docteur, Yousuf al-Qaradawi par rapport à ce sujet : « L’innovation doit venir de l’intérieur de la religion, et avec les outils de la religion, mais imposer à la religion des idées importées de l’extérieur, c’est que vous voulez déformer la religion. Et là il s’agit d’un gâchis et non pas d’une innovation».
Une telle mentalité doit conduire inéluctablement à un retard, alors qu’Héraclite a crié sa célèbre phrase, il y a plusieurs siècles : «on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve» en référence à la nature du changement comme l’une des règles de la nature.
Deuxièmement : la modernisation de la législation dans la pensée du docteur Muhammad Shahrour :
On peut aborder l’illumination sur laquelle le docteur Shahrour a tenté de travailler dans la pensée islamique selon deux niveaux : Le premier est méthodologique et le second est intellectuel.
Ce qui attire peut-être l’attention tout d’abord dans l’approche de Shahrour, c’est le fait de commencer à partir de l’échec des expériences antérieures dans le traitement de l’héritage islamique, étant donné qu’on retrouve dans l’introduction de son livre « Assécher les sources du terrorisme » la citation d’Einstein: «La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent».
En conséquence, Shahrour mentionne un certain nombre de points liés à la question linguistique sur laquelle il construit ses analyses pour interpréter le Coran d’une manière distincte par rapport aux interprétations traditionnelles dominantes. Il serait probablement important de mentionner les plus importants parmi eux :
Lorsque le locuteur s’adresse à l’auditeur, il ne veut pas lui faire comprendre le sens des mots isolés, car la culture lexicale n’est pas suffisante pour comprendre un texte linguistique. Et le Coran contient le plus haut niveau de rhétorique qui ne peut pas être dépassé, ou de proposer la même chose dans le but d’avoir le même sens en le transmettant à l’auditeur. Le Texte Sacré ne contient pas de synonymes des mots et des structures. Il est aussi exempt de surplus linguistique, de divagations et des propos hors de contexte.
Troisièmement : L’approche intellectuelle
Dans ce chapitre, Shahrour cite la base avec laquelle il complètera son projet intellectuel, bien qu’il soit au centre du débat dans de nombreuses étapes philosophiques et intellectuelles islamiques, notamment avec les tentatives des philosophes musulmans, malgré leurs positions divergentes. Toutefois, la base du rationalisme avait des fondements mis en place par beaucoup d’entre eux, tels que Mutazilisme et Ibn Ruchd (Averroès) et Ibn Khaldoun plus tard.
En fait, le docteur Muhammad Shahrour pose des conditions en tant que des prémisses logiques vers la modernisation de la législation islamique, combinant la compréhension, la critique, le rationalisme et les données des sciences naturelles, et elles mettent un terme à l’esprit historique et axiome dominant les esprits de nombreux musulmans, en les rendant prisonniers du passé, et par conséquent elles constituent un obstacle au progrès. .
Quatrièmement : la religion et la politique (entre l’illumination de Shahrour et l’obscurantisme de Maududi)
Lorsque Maududi a été interrogé par rapport aux trois pouvoirs de l’État, qui résultent des luttes des peuples pour parvenir à un modèle politique sain et rationnel, qui prend en compte les intérêts de la communauté, et dans un coup fatal (technique), Maududi détruit les efforts de Montesquieu, Hobbes, Locke et Rousseau avec une seule phrase : « La classification des gouvernements en trois pouvoirs n’existait pas à l’époque du prophète, il était législateur, juge et souverain, et Maududi commence son livre : « l’Islam et la civilisation moderne » en disant : « La vie sociale actuelle est basée sur les principes d’aberration, d’ombres et les systèmes d’éducation regorgent du mal, provoquent les instincts, violent la vertu et tuent la morale. Et ils appellent à la permissivité et à la décadence, et le système économique qui contrôle les gens est un système perverti et corrompu qui ne distingue pas le bien du mal et ne distingue pas ce qui est permis de ce qui est interdit ».
Maududi poursuivait sa critique envers toute la civilisation moderne, étant donné qu’elle repose sur trois piliers principaux :
– La laïcité
– Le nationalisme
– La démocratie.
Pour sa première vision, c’est-à-dire la laïcité, Maududi nous régale en disant : « Séparer la religion de la vie sociale des individus, cela signifie que la croyance religieuse ne doit être respectée que dans la vie personnelle des individus. Sinon tout ce qui concerne les affaires du monde dans la vie des gens, il doit être traité sur la base du pur matérialisme, selon les désirs des humains, leurs visions et leurs préférences.
Quant au docteur Shahrour, il réfute ce point de vue dans de nombreuses étapes et à travers de nombreux outils cognitifs et le Dr Muhammad Shahrour adopte presque l’idée de l’État civil, à partir de la définition qui lui semblait l’exprimer en disant : « C’est la coexistence des individus dans une société où ils sont soumis à la loi qui régit leur vie et protège leurs droits contre toute violation ».
Cinquièmement : Déductions à propos des effets suicidaires de l’héritage en tant que sacré :
Premièrement : Dans la foulée des accusations dont l’islam est injustement devenu son protagoniste ces dernières années, il est obligatoire pour les musulmans éclairés et conscients de défendre leur islam en tant qu’message divin noble.
Deuxièmement : Une génération qui a été victime de lavage de cerveau pendant des générations, et qui a été dominée par l’influence militaire et financière, et le soutien extérieur, par des mouvements de l’islam politique, sera une génération qui n’attendrait que plus de mort et de destruction.
Troisièmement : si on n’accorde pas attention à cet héritage islamique en l’examinant avec raison, les musulmans seraient probablement les plus touchés au cours des prochaines années, et si les islamistes (pour les distinguer des musulmans) veulent toujours d’appuyer sur un héritage dépassé, le résultat inéluctable sera le modèle de Daesh et du Velayat-e Faqih et un conflit acharnée qui prolongera la vie des massacres.
Quatrièmement : l’extrémisme islamiste dans la compréhension des textes, sans utiliser le raisonnement pour comprendre ces textes, conduira à un contre-extrémisme au sein de l’islam lui-même avant de provoquer une confrontation qui existe déjà contre l’Occident, à travers ce qu’on appelle le phénomène de l’islamophobie au sein des sociétés occidentales. Par conséquent, il sera une sorte d’inauguration d’une nouvelle ère du sang avec les différents peuples de l’Islam d’une part, et avec l’Occident, qui lutte contre l’extrémisme.
En effet, il semble que la ballon est dans le camp du musulman du XXIe siècle après cette exposition et il doit choisir entre deux modèles, dont l’un constituera un levier pour son ambition légitime d’une vie meilleure, qui garantira ses droits et préservera sa dignité, au sein d’un État civil capable, juste et démocratique qui lui mènera sur la voie du progrès sans lui enlever sa foi et ses croyances, et un autre qui veut le faire reculer sur la base des perceptions désuètes, que choisiriez-vous donc pour résoudre ce goulot d’étranglement ?