Des milliers d’hectares de cultures ont été détruits dans les provinces syriennes d’Idlib et du nord de Hama dans un contexte de violence meurtrière, a déclaré mardi le Programme alimentaire mondial (PAM), dans un appel aux parties belligérantes pour qu’elles cessent d’utiliser la sécurité alimentaire pour garder les gens en otages.
Lors d’une conférence de presse à Genève, le porte-parole du PAM Hervé Verhoosel a exprimé son inquiétude face à la crise humanitaire dans l’enclave tenue par l’opposition dans le nord-ouest, où une opération militaire dirigée par le Gouvernement s’est intensifiée fin avril.
Ses commentaires font suite à des informations faisant état d’attaques aériennes lundi qui ont tué six civils, les dernières victimes de plus de huit ans de guerre qui ont fait des centaines de milliers de morts, détruit des hôpitaux et forcé des millions de personnes à fuir.
« La dernière flambée de violence à Idlib et au nord de Hama a fait des dizaines de victimes, brûlé plusieurs milliers d’hectares de cultures et de terres agricoles, et contraint au moins 300 000 personnes à fuir leurs maisons », a déclaré M. Verhoosel, condamnant l’effusion de sang.
Des agriculteurs et des familles retenues en otages
En raison de la violence, les agriculteurs ne peuvent plus accéder à leurs champs ou s’occuper de leurs récoltes au moment de la récolte, a expliqué le porte-parole du PAM. « Il n’est pas acceptable de prendre une fois de plus la population civile en otage », a-t-il ajouté.
Lorsqu’on lui a demandé d’expliquer comment les incendies de cultures ont commencé, M. Verhoosel a déclaré qu’ils étaient « clairement liés au bombardement ; il fait très chaud et sec pour le moment, alors si vous avez une bombe… un incendie peut se déclencher, mais dans certains cas, il a également été signalé comme intentionnellement déclenché par un groupe ».
Les dommages causés aux cultures par les conflits dans le nord-ouest de la Syrie sont distincts des incendies de champs ailleurs dans le pays, comme dans les gouvernorats de Hassakeh, Deir-Ez-Zor et Homs, où les conditions des caissons d’amadou liées aux températures élevées ont affecté environ cinq pour cent du rendement national.
Pour répondre aux trois millions de personnes du nord de Hama, d’Idlib et de l’ouest rural d’Alep qui sont « coincées au milieu du conflit » et ne peuvent être atteintes que depuis la Turquie, le PAM a annoncé son intention d’augmenter l’aide pour atteindre 823 000 personnes ce mois-ci la région.
Cela s’ajoute aux 200 000 personnes nouvellement déplacées que l’agence a déjà atteintes avec des rations d’urgence mensuelles.
« Dans les zones où les bombardements se poursuivent, une aide est vraiment nécessaire aujourd’hui », a déclaré M. Verhoosel.
« Le PAM a dû suspendre nos livraisons dans certaines villes prises au milieu du conflit et où la sécurité est instable.
L’agence n’a pas pu joindre 7 000 personnes vivant dans la région du château de Madiq à Hama “depuis le début du bombardement”.
En se concentrant sur les besoins immédiats de ceux qui ont été contraints de fuir la violence, M. Verhoosel a expliqué que beaucoup avaient du mal à trouver un abri dans des camps au nord d’Idlib, tandis que d’autres avaient fui vers le nord-ouest d’Alep.
Les femmes, les enfants et les personnes âgées sont particulièrement vulnérables, selon le PAM, en particulier ceux qui ont été forcés de marcher pendant des jours et de vendre leurs objets de valeur pour assurer le transport de leurs villages au nord d’Idlib.
“La plupart d’entre eux vivent dans des camps, les camps sont surpeuplés pour le moment”, a expliqué M. Verhoosel.
Des collègues qui viennent de lui rendre visite lui ont dit qu’il n’y avait pas de place “pour installer une seule tente dans certains de ces camps”.
Selon le PAM, les trois quarts des Syriens vivent désormais dans une extrême pauvreté. Sur les 6,5 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le pays, l’agence des Nations Unies en aide 3,5 millions chaque mois.
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