La tension est revenue dans la capitale libyenne, Tripoli, pour se transformer récemment en des affrontements armés dont les causes sont principalement les affrontements politiques entre le gouvernement d’unité formé l’an dernier et un gouvernement rival soutenu par le parlement qui fait de la région est son siège. Les tensions entre les groupes soutenant les deux gouvernements ont dégénéré en affrontements armés.
Bien que toutes les parties aient déclaré leur refus de revenir à une guerre majeure, mais les efforts déployés pour résoudre la crise ont échoué, conduisant finalement à une escalade armée.
Des coups de feu ont effectivement commencé ce mois-ci dans le parc du marché du mardi, près du centre historique de Tripoli. Des rapports ont indiqué que quatre personnes ont été blessées. Aucune partie gouvernementale n’a encore e communiqué sur la nature de ces affrontements, tandis que des informations préliminaires indiquent qu’ils ont eu lieu entre un groupe connu sous le nom de l’appareil de « soutien à la stabilité » dirigé par le chef de l’appareil de sécurité nationale, et un autre groupe connu sous le nom de « Brigade Nawasi » dirigée par le chef du Service de renseignement pour les affaires de sécurité.
La capitale libyenne a enregistré au cours des derniers jours une grande détérioration de la sécurité, allant jusqu’à des conflits armés entre les milices pour prendre le contrôle et imposer leur pouvoir.
Un conflit entre les seigneurs de la guerre
Des observateurs locaux ont confirmé que les affrontements sont dans le contexte du conflit entre les seigneurs de la guerre et les chefs des milices autour les centres d’influence, d’intérêts et des calculs politiques, sous la multiplication des loyautés politiques et des idéologiques et régionales.
Le Comité arabe des droits de l’homme en Libye a exprimé, dans un communiqué, sa profonde préoccupation face aux affrontements armés et de l’exposition de la vie et des biens des personnes au danger.
Il a mis en garde que l’escalade militaire des deux parties en conflit entraînerait des pertes humaines et matérielles, notamment que les membres de ces brigades armées connus par leur indiscipline.
Le Comité a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à œuvrer pour inscrire les noms des chefs de guerre et de leurs assistants sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies, en application des deux résolutions 2174 et 2259 du Conseil de sécurité des Nations unies, concernant la poursuite de tous ceux qui violent les règles du droit international humain.
La Mission d’appui des Nations Unies en Libye, « Manul », a exprimé sa profonde préoccupation par les combats à l’arme lourde qui exposent la vie des civils au dangé.
De son côté, la conseillère spéciale du secrétaire général des Nations unies en Libye, Stephanie Williams, a écrit dans un Tweet sur le réseau social Twitter : « Assez, je demande un retour au calme absolu, et à protéger les civils ». De plus, l’ambassadeur de l’Union européenne en Libye, Jose Sabadell, a qualifié les affrontements de choquants et de honteux, en disant dans un tweet : « C’est horrible et honteux. Des armes ont été utilisées dans un parc où des enfants couraient et jouaient ».
Les récentes démarches des deux chefs des deux gouvernements en concurrence sur le pouvoir en Libye indiquent des changements qui viendront sur la scène libyenne de nouveau divisée, depuis l’élection de Fathi Pachagha en tant que deuxième Premier ministre aux côtés d’Abdelhamid Dabaiba. Cela pourrait amener le pays vers une situation pire.
Dabaiba et Bachagha et la négociation avec les milices
Dans le cadre des préparations pour l’escalade, Dabaiba s’est réuni la semaine dernière avec le commandant de la milice « 166 », Mohammed al-Hosan, et Mokhtar al-Jahawi, commandant de la « Division de réserve de la Force antiterroriste », ainsi qu’Ahmed Hachem, le commandant de la « 53e brigade indépendante », qui sont les plus importants chefs de milice de la ville de Misrata, dans un pas qui semble viser à attirer les chefs de milice et à tisser les fils d’une alliance pour affronter son rival.
De son côté, Fathi Bachagha a tenu une réunion via Zoom avec les composantes sociales et de la jeunesse de Misrata, au cours de laquelle il a évoqué le programme de travail de son gouvernement, alors que des négociations sont en cours avec des formations armées pour soutenir son gouvernement et faciliter son entrée dans la capitale, Tripoli.
Il semble que Bachagha et Dabaiba sont sur le point de mener une bataille de loyautés et de positionnements pour les jours à venir, étant donné que la rencontre de Dabaiba avec des chefs de milices armées s’inscrit dans le cadre d’une quête de renforcer les capacités de défense susceptibles de protéger son gouvernement, en achetant leurs loyautés, même par des emplois et de l’argent.
Et la bataille des alignements derrière les milices armées n’est pas seulement menée par Dabaiba, mais Bachagha a également entamé des négociations avec des chefs de milices armées dans l’ouest de la Libye, afin de chercher des renforts pour sécuriser son entrée dans la capitale, Tripoli.
Mais cette voie est dangereuse et peut conduire à un conflit armé si l’on s’appuie sur des milices armées, dont la loyauté change en quelques minutes, et la situation ne peut se dérouler pacifiquement dans la région occidentale de la Libye, qui pourrait connaître dans les prochains jours un conflit armé qui ne sera pas dans l’intérêt des deux gouvernements, surtout que la communauté internationale pousse vers des élections, car elle considère que la menace et d’entraver la situation sécuritaire une chose inacceptable.
Les milices, la criminalité et la drogue
La milice de Tripoli, sur laquelle Bachagha et Dabaiba s’appuient pour étendre leur influence et contrôler le pays, comprend la « Milice spéciale de dissuasion », l’un des plus grands groupes armés de la capitale, dirigée par Abderraouf Kara.
Ces milices font de Mitiga leurs fiefs et elles sont composées d’environ 1 500 éléments et elles remplacent la police à Tripoli.
Les «milices spéciales de dissuasion» sont impliquées dans la contrebande d’armes et des éléments terroristes. Et parmi les autres milices de Tripoli, la « Milice Nawasi », qui comprend des combattants, dont la plupart sont issus du Groupe combattant libyen. Ses combattants sont au nombre de 2000 environ et elle possède des armes moyennes et elle bénéficie du soutien du membre des Frères musulmans, Ali Al-Sallabi.
Active également dans la capitale libyenne, la Brigade des révolutionnaires de Tripoli, dirigée par Ayoub Bouras, la plus grande milice armée qui contrôle la ville. Ces milices comprennent 9 groupes armés répartis dans la plupart des quartiers de Tripoli. Et elles font d’Al Fornage, Ain Zara et Ber Alosta Melad leurs fiefs.
Le nombre des éléments de la « Brigade des révolutionnaires de Tripoli » oscille entre 2.800 et 3.500. Ces éléments se sont chargés de sécuriser le Conseil présidentiel et des sites stratégiques.
Parmi les milices de Tripoli figure aussi la « milice de la Force de dissuasion commune » dirigée par Abdelghani al-Kikli, surnommé « Gheniwa ». Cette milice est située dans le quartier d’Abou Salim, qui est un foyer de la criminalité et de la drogue. Cette milice joue un rôle important dans l’équation sécuritaire et militaire à Tripoli.
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