Le fait de resserrer la vis sur l’organisation des « Frères musulmans » en Turquie a poussé cette dernière à s’éloigner du Parti de la justice et du développement au pouvoir, un indice montrant que la « lune de miel» entre le président turc « Recep Tayyip Erdogan » et l’organisation est terminée après le récent rapprochement entre le Caire et Ankara.
Le parti d’opposition turque de Félicité annonçait il y a quelques jours que son président, Temel Karamollaoglu, avait reçu à Ankara une délégation composée des membres des Frères musulmans, en indiquant que : «la délégation comprend le chef du groupe en Turquie, Hammam Ali Youssef, et des dirigeants de l’organisation dont Medhat Al-Haddad et Mahmoud Hussain ».
Rapprochement turco-égyptien
La rencontre des Frères musulmans avec le parti d’opposition intervient à un moment où les relations officielles entre Ankara et le Caire enregistrent des tentatives de rapprochement, après la rupture des relations suite au renversement du règne du président «Mohamed Morsi» et des Frères musulmans en 2013, où la Turquie ouvrait ses portes aux membres des Frères musulmans et des opposants fuyant l’Égypte.
Des sources bien informées ont révélé précédemment qu’un groupe des dirigeants des «Frères musulmans» se sont réunis dans la capitale britannique, Londres, en se concentrant sur la question du rapprochement turco-égyptien et ses répercussions sur les dirigeants des Frères musulmans résidant sur le territoire turc, et afin de se préparer aux conséquences d’une éventuelle réconciliation qui pourrait mener de la remise de certains membres du de l’organisation aux autorités de sécurité du Caire.
Les sources ont expliqué que «ces réunions ont conduit à plusieurs réflexions autour de la crise des résidents en Turquie, y compris le fait de mettre à l’abri les personnes condamnées de la peine de mort ou à perpétuité en leur assurant d’autres refuges en dehors de la Turquie, dans des pays qui n’ont pas d’accord d’échanger des criminels avec l’Égypte, tandis que ceux condamnés par des peines plus simples allant de 3 ans et 7 ans, une coordination est en cours avec les autorités turques pour leur accorder le droit de résidence temporaire.
Alliance secrète
En revanche, l’un des dirigeants des Frères musulmans, Asim Abdelmajid, a souligné qu’«une aile du mouvement se prépare à la confrontation, en prévision de la trahison des autorités turques et d’Erdogan, à travers une alliance avec le Parti turc de la Félicité, proche des Frères musulmans, et leur coopération ensemble pour faire tomber Erdogan et son parti ou arrêter les décisions du président turc à leur encontre pouvant conduire à leur expulsion du pays.
«Le président turc s’enrage contre les agissements des dirigeants des Frères musulmans en Turquie, en particulier du groupe de Mahmoud Hussain, l’ancien secrétaire général des Frères musulmans, ayant des liens étroits avec le Parti de la Félicité, dont on a prouvé son alliance avec des partis de l’opposition lors des dernières élections pour faire tomber Erdogan », a indiqué Abdelajid précédemment sur Facebook.
L’ancien dirigeant a également expliqué que «les Frères musulmans se sont alliés au Parti de la Félicité, ce qui a conduit à la perte du parti au pouvoir pour la Justice et le Développement dirigé par Erdogan des élections municipales ayant eu lieu en 2019 à Ankara, Istanbul, Izmir et Antalya où le parti se présentait avec des candidats dont les chances de gagner étaient nulles, pour fragmenter les voix des islamistes, et de viser la scène pour que les candidats de l’opposition l’emportent et balayent les élections.
Le Parti de la Félicité s’est formé après la dissolution du Parti de la «Vertu» par décision de la Cour constitutionnelle turque le 22 juin 2002. En effet, deux partis ont émergé, l’un d’entre eux le «Parti de la Justice et du Développement» dirigé par Recep Tayyip Erdogan, et le second, le «Parti de la Félicité», qui représentait l’aile traditionnelle.
Le parti de l’opposition a réussi pendant les quatre années au cours desquelles «Numan Kurtulmuş» dirigeait le parti à élever sa popularité de 1% à 3,5% puis à 5%. Et la majorité des voix, il les a retirés de la «Justice et Développement».
Renouvellement du serment d’allégeance..
Le mouvement des Frères musulmans n’a pas tardé à justifier les raisons de la rencontre de ses dirigeants avec le «Parti de la Félicité», en affirmant que «les raisons de la visite se rapportent à certaines institutions communautaires», dans une tentative de «sauver ce qui peut être sauvé» des relations avec le régime turc qui sont arrivées apparemment à l’impasse.
Le guide général par intérim des Frères musulmans, Ibrahim Mounir, a publié un communiqué intitulé «remerciement et appréciation», dans lequel il a insisté sur «la fidélité totale » à Erdogan, tout en renouvelant l’engagement des devoirs, et le respect de toutes les lois, les réglementations et les coutumes, et sans porter de préjudice à la stabilité de la Turquie et sa sécurité, dans une tentative de faire oublier la rencontre avec le parti de la Félicité.
Par ailleurs, le guide général par intérim Ibrahim Mounir, a évoqué dans un communiqué publié sur le site du mouvement la « Liberté et la Justice », la visite, en affirmant qu’«elle avait été entreprise par le président du Conseil d’administration de la Fédération des associations égyptiennes, représentant plusieurs forces politiques égyptiennes – y compris les Frères musulmans, parmi ceux accueillis par la Turquie en tant que réfugiés politiques, dans la capitale turque, Ankara, le 21 avril, dans le but de rencontrer certaines institutions communautaires turques, afin d’examiner la situation et les revendications des réfugiés égyptiens en Turquie.
De leur côté, des sources politiques turques ont révélé aux médias que «le pari des Frères musulmans sur le parti Félicité est un pari perdu. Parce que ce dernier n’a aucune influence ou poids politique ou populaire en Turquie et en indiquant que « la rencontre des Frères musulmans avec le Parti de la Félicité n’a aucun effet ni intérêt. Il s’agit plutôt d’une rencontre idéologique ».
La source politique a également expliqué qu’« il y a eu une coordination entre le Parti de la Félicité pendant de nombreuses années et les Frères musulmans, ce qui s’est passé avant le même le parti de la Justice et du Développement au pouvoir », en affirmant que « la Félicité » voulait envoyer un message de soutien aux Frères musulmans, mais la coopération et la coordination entre eux n’auront aucun impact sur le cours des négociations entre les deux côtés, turc et égyptien ».
Et la Turquie a récemment commencé à bouger pour rétablir les relations avec l’Égypte et les États arabes du Golfe, et améliorer les relations avec le Royaume d’Arabie saoudite, le pays ayant un très grand poids au Golfe, mais qui sont entrées dans une crise après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul en 2018.
Le porte-parole, «Ibrahim Kalin», a annoncé au nom du président turc, Recep Tayyip Erdogan, qu’une mission diplomatique turque se rendra en Égypte début mai. Il a ajouté qu’« il y a des contacts entre les chefs des services de renseignement et les ministres des Affaires étrangères des deux pays ».