La crise des déplacés libyens se poursuit, malgré les dialogues politiques organisés dans plus d’un pays et les accords trouvés pour un cessez-le-feu en Libye. En fait, les autorités libyennes ne savent pas grand-chose sur ces déplacés parce qu’elles ignorent leur nombre réel et aussi les endroits où ils se trouvent. Ils sont négligés et ils affrontent leur destin sombre avec énormément de carences et de difficultés. Plusieurs familles souffrent d’ailleurs des effets du déplacement, même si la guerre a pris fin dans le pays.
A propos de cette question, les Nations Unies ont indiqué au cours du mois courant que le phénomène du déplacement des familles libyennes persiste encore malgré la baisse du nombre des déplacés passant de 426.000 personnes au cours du mois de juin à 392.000 actuellement.
Ce chiffre n’est pas tout à fait précis, puisqu’il pourrait être beaucoup plus important, étant donné que des milliers résident dans les pays voisins de la Libye et même dans des pays lointains. Toutefois, la situation de ceux qui se sont déplacés à l’extérieur du pays est considérée comme bien meilleure que celle des déplacés à l’intérieur du pays.
Un mode de vie sans intimité
Bien que les arrangements sociaux aient autorisé à un certain nombre de déplacés de réaménager leurs maisons, la plupart d’entre eux attendent encore de finaliser les accords tribaux qui leur permettront de revenir à leurs domiciles.
Ça fait du mal de voir les déplacés habitués à un mode de vie sans intimité, puisqu’ils ont vécu pendant des années parmi un groupe de familles déplacées vivant ensemble et parfois se séparent pour après se retrouver de nouveau. Ces familles sont constamment soumises à des fouilles à domicile ou à des enquêtes pour savoir les causes et les dessous de leur déplacement. Cette situation crée un état d’instabilité chez les enfants pour devenir ultérieurement un mode de vie normal pour eux.
Parmi les autres facteurs ayant des effets sur ces familles figure le déplacement pour vivre dans plus d’une région qui n’ont ni les mêmes attitudes, ni les mêmes traditions.
Le gouvernement d’entente nationale avait estimé le nombre de personnes déplacées suite à la guerre déclenchée au sud de Tripoli à 130.000 personnes environ. Malgré la cessation de la guerre dans cette région pour se déclencher dans d’autres villes, le ministre d’État pour les Affaires des personnes déplacés et réfugiées du gouvernement d’entente nationale, Youssef Jalalah, a confirmé dans des déclarations médiatiques au début du mois courant que seuls 25% des déplacés de Tripoli ont pu rentrer chez eux depuis l’arrêt des combats.
En fait, le phénomène de déplacement ne s’est pas arrêté dans le pays à cause des tensions permanentes et de l’escalade militaire, de sorte que le déplacement des fronts de bataille vers les régions de Syrte et d’Al-Djoufrah a forcé les familles à s’enfuir. En outre, les foyers de tension dans le sud de la Libye n’ont pas cessé de contraindre les familles à quitter leurs villes à cause des affrontements tribaux permanents.
Associations civiles et caritatives
En dépit des efforts gouvernementaux, confirmés par les données des ministères de l’Intérieur et des Affaires des déplacées et des refugiés qui sont en train d’étudier des programmes et des décisions concernant cette catégorie de personnes, les associations civiles et caritatives sont clairement plus engagées dans cette crise des déplacés. Les associations civiles œuvrent pour améliorer la situation des personnes déplacées. Et ce n’est pas la première fois puisque les guerres qui ont poussé à maintes reprises les populations à quitter le sud et l’est et Tripoli leur ont donné relativement l’expérience pour fournir au déplacé tout ce dont il a besoin. Dans ce même contexte et pour combler l’absence et l’impuissance du gouvernement, le mouvement scout en Libye s’est engagé de sa part dans des efforts pour cerner la crise des déplacés afin de remplir le vide laissé par l’Etat. Il a en effet lancé le programme «Soutien psychologique aux personnes déplacées» dans un essai d’atténuer le traumatisme causé par le déplacement et les souffrances des familles déplacées. Il a publié dans ses pages sur les réseaux sociaux des programmes d’animation et de divertissement prévus dans les centres d’hébergement et il a annoncé qu’il se prépare pour faire d’autres programmes destinés aux enfants.
La mauvaise situation des déplacés constitue l’une des principales raisons pour laquelle il faudra acter la réconciliation et mettre un terme au conflit dans le pays. La division politique a un impact sur le problème des déplacés, non seulement parce qu’elle est la principale raison qui a causé le déplacement de la population vu qu’elle s’est transformée en des affrontements armés dans différentes régions du pays. Mais cette division politique va au-delà pour avoir un impact significatif sur l’efficacité des efforts humanitaires et un impact sur les organisations de secours dans l’accomplissement de leurs missions d’aide, d’autant plus que de nombreuses familles déplacées ne peuvent pas rentrer chez elles en raison de l’incapacité des parties au conflit à distinguer entre la rivalité politique et militaire sur le champ de bataille. Cela a mené à la neutralisation des personnes innocentes à cause des effets de ce conflit, qui a entraîné la présence de plus d’un gouvernement dans le pays, ce qui a considérablement entravé les efforts humanitaires internationaux et locaux.
Parmi les principales contraintes, on note la confiscation de certains convois de secours, l’incapacité des organisations humanitaires internationales d’atteindre toutes les régions de la Libye, d’autant plus que certaines organisations ont préféré d’arrêter leur intervention en Libye jusqu’à ce qu’un seul gouvernement soit formé pour faciliter de traiter avec lui. Il s’agit également de l’incapacité de certaines associations locales d’intervenir dans les régions sous contrôle d’un gouvernement différent de celui où sont installées ces organisations. En outre, on peut également évoquer la dispersion des efforts du ministère des Affaires sociales en raison de la dispersion de ses filiales entre les différents gouvernements, la faiblesse de l’économie libyenne à cause de la division politique et le manque des budgets nécessaires permettant de fournir les aides par les parties et les organisations gouvernementales.
Parmi les autres obstacles qui empêchent d’aider les déplacés, il y a le manque de liquidité. Ceci a compliqué davantage leur situation de telle sorte qu’ils n’ont pas été en mesure de subvenir à leurs besoins de première nécessité tels que les frais du loyer et des soins. A cela s’ajoute le fait d’arrêter de verser les salaires des déplacées parce qu’ils n’ont pas pu retourner à leur travail dans leurs régions à cause de leurs différends avec les parties qui contrôlent la situation politique et sécuritaire dans ces régions.
Les déplacés risquent de contracter facilement le Coronavirus
Il convient de noter que le Haut-commissariat pour les réfugiés avait annoncé qu’il existe plus de 425.000 personnes déplacées en Libye à cause du conflit qui se poursuit depuis des années. Le HCR a par ailleurs indiqué qu’il va continuer à soutenir les personnes déplacées, qui ont quitté leurs domiciles, par les aides financières, les fournitures de secours et les petits projets. Des centaines de milliers de Libyens risquent de contracter le Covid-19 à cause du système de santé fragile du pays. Le Comité international de la Croix-Rouge craint que le virus aggrave les souffrances des familles concernées par les déplacements, surtout que ces familles luttent déjà pour répondre à leurs besoins fondamentaux en abris, nourriture, eau et soins médicaux. Les Libyens déplacés courent un risque élevé de contracter la maladie parce que nombreux parmi eux ne sont pas suffisamment sensibilisés et souffrent d’un manque des soins de santé ou des moyens financiers nécessaires.