La guerre civile syrienne qui a éclaté en 2011 a été l’un des conflits les plus dévastateurs du XXIe siècle. Le conflit a fait des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés et des destructions généralisées à travers le pays. Parmi les acteurs clés de ce conflit figurait la Russie, qui a apporté un soutien crucial au président syrien Bashar al-Assad. Ce soutien a été un facteur clé pour permettre à Assad de s’accrocher au pouvoir malgré une opposition importante tant au niveau national qu’international.
nous discuterons, dans cet article, des raisons qui ont poussé la Russie à soutenir Assad en Syrie et examinerons les implications stratégiques de cette alliance pour les deux pays.
Les relations entre la Russie et la Syrie remontent à de profondes racines historiques, qui remontent à l’époque de la guerre froide. Au cours des années 1970, l’Union soviétique a établi des relations solides avec le gouvernement syrien en lui fournissant aide, armes et soutien militaire. Cependant, après l’effondrement de l’Union soviétique dans les années 1990, l’influence de la Russie en Syrie a décliné. Leur relation n’a été renouvelée que lorsque Vladimir Poutine a accédé à la présidence de la Russie en 2000 et que Bachar al-Assad a assumé la présidence de la Syrie. L’histoire commune de la guerre froide entre les deux pays a joué un rôle dans le renforcement de leurs relations. Aujourd’hui, l’influence de la Russie en Syrie ne cesse de croître et leur alliance reste solide. La Russie a été un allié clé du gouvernement syrien dans la guerre civile syrienne en cours, fournissant un soutien militaire et une aide au régime d’Assad. Cela a mis la Russie en désaccord avec les États-Unis et d’autres puissances occidentales, qui ont appelé au retrait d’Assad du pouvoir. Malgré cela, la Russie reste attachée à son alliance avec la Syrie et continue de jouer un rôle important dans l’élaboration du paysage politique et militaire de la région.
Les intérêts stratégiques russes en Syrie vont au-delà du simple maintien de l’accès au port maritime de Tartous. La Syrie est également un allié clé au Moyen-Orient et la Russie cherche depuis longtemps à maintenir son influence dans la région. Outre son soutien militaire au régime d’Assad, la Russie a également participé aux efforts diplomatiques visant à résoudre le conflit syrien. En 2017, la Russie, aux côtés de l’Iran et de la Turquie, a négocié un accord de cessez-le-feu entre le gouvernement syrien et les forces de l’opposition. Cet accord a contribué à réduire la violence dans le pays et a ouvert la voie à de nouvelles négociations. L’intervention russe en Syrie est également considérée comme un moyen de contrer l’influence américaine dans la région. Dans l’ensemble, la Syrie constitue un élément clé des objectifs stratégiques plus larges de la Russie au Moyen-Orient et au-delà.
Le soutien de la Russie à Assad peut également être envisagé sous un angle géopolitique. La guerre civile syrienne s’est transformée en un conflit par procuration entre diverses puissances régionales, dont l’Iran et l’Arabie saoudite. En soutenant Assad, la Russie est en mesure de s’aligner sur l’Iran – un autre allié clé – et d’équilibrer l’influence de l’Arabie saoudite dans la région. De plus, en soutenant le régime d’Assad, la Russie est en mesure d’étendre son influence au-delà de ses frontières et de s’affirmer comme un acteur majeur sur la scène mondiale. Intervenir en Syrie permet à Moscou de mettre en valeur ses capacités militaires et de se présenter comme un partenaire fiable auprès d’autres régimes autoritaires cherchant à se protéger contre l’intervention occidentale.
L’appui de Poutine à Assad en Syrie est en réalité motivé par sa peur d’un effondrement de l’État, qu’il a vécu lors de la sécession de la République tchétchène du Caucase du Nord de la Russie.
Poutine considère la situation en Syrie comme une extension de ce conflit, et il considère le conflit comme une bataille entre les États laïcs et l’islam sunnite. Poutine a toujours émis des réserves à l’égard de l’extrémisme islamique et considère le régime d’Assad comme un tampon contre la propagation de l’extrémisme au Moyen-Orient. En outre, le soutien de Poutine à Assad est également motivé par sa volonté de maintenir l’influence de la Russie dans la région. En soutenant le régime d’Assad, Poutine est en mesure de démontrer la puissance russe et d’affirmer le rôle de son pays en tant qu’acteur majeur au Moyen-Orient. Dans l’ensemble, le soutien de Poutine à Assad est motivé par une combinaison de facteurs stratégiques, idéologiques et personnels. En fait, le président russe Vladimir Poutine a toujours exprimé son opposition à une intervention internationale visant à un changement de régime forcé. Cette position est particulièrement évidente dans le cas de la Syrie, où Poutine s’est opposé aux efforts visant à renverser le président Bashar al-Assad. La position de Poutine est que toute solution au conflit en Syrie doit passer par la négociation et le respect de la souveraineté syrienne, et non par une intervention militaire extérieure. Cette perspective est cohérente avec l’approche plus large de la politique étrangère de la Russie, qui met l’accent sur le respect de la souveraineté de l’État et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, à l’exception bien sûr de l’invasion de l’Ukraine. Le Printemps arabe est une série de manifestations et de soulèvements qui ont débuté en Tunisie fin 2010 et se sont propagés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les soulèvements étaient en grande partie motivés par le mécontentement populaire à l’égard des régimes autoritaires, de la corruption et de la détresse économique. En 2011, des soulèvements ont conduit au renversement de plusieurs dirigeants bien établis, dont Mouammar Kadhafi en Libye. La Russie considérait les soulèvements du Printemps arabe comme une menace pour son influence dans la région, car certains des pays touchés entretenaient des relations de longue date avec la Russie. Cette dernière craignait que le renversement de ces dirigeants ne lui fasse perdre son influence dans la région. En conséquence, elle y cherchait de nouveaux alliés. Leur soutien à Bachar al-Assad s’est considérablement accru au cours de cette période. La Russie a agi en fonction de ses propres intérêts plutôt que de sa véritable confiance dans le leadership d’Assad. En effet, alors que la position officielle de la Russie est que son intervention en Syrie vise à lutter contre le terrorisme, en réalité, les forces russes cibleraient non seulement l’État islamique (EI), mais également d’autres groupes opposés à Assad. Par exemple, des frappes aériennes russes ont été documentées dans la région d’Idlib contrôlée par l’opposition, où coexistent des groupes anti-Assad. Ces frappes ont fait des victimes civiles et ont été considérées comme une tentative de reprendre le contrôle de la zone pour Assad. En outre, l’armée syrienne et l’aviation russe ont intensifié leurs attaques contre les bases et les dépôts d’armes de l’opposition à Alep, Lattaquié et Hama. Ces attaques ont visé différents groupes, dont Hay’at Tahrir al-Sham, qui contrôle certaines parties de ces gouvernorats.
Ces actions indiquent que la stratégie militaire de la Russie en Syrie va au-delà de la lutte contre l’EI et comprend des efforts visant à réprimer tout groupe s’opposant au régime d’Assad. Cette approche est conforme aux intérêts géopolitiques plus larges de la Russie, qui consiste à maintenir son influence dans la région et à soutenir son allié, le régime d’Assad. Le soutien de la Russie à Bachar al-Assad, le président syrien, a placé Moscou dans une position importante en tant qu’intermédiaire de pouvoir au Moyen-Orient. Avec son soutien à Assad, la Russie est devenue un acteur majeur dans le conflit syrien qui dure depuis 2011. L’intervention militaire russe en Syrie en 2015, qui comprenait des frappes aériennes contre des groupes d’opposition, a contribué à faire basculer le cours du conflit en faveur d’Assad. Le soutien de la Russie à Assad l’a également mis en porte-à-faux avec d’autres puissances régionales et mondiales, comme les États-Unis et leurs alliés, qui ont appelé à la démission d’Assad. Cela a renforcé la position de la Russie en tant qu’intermédiaire puissant dans la région, car elle a pu exercer son influence dans le conflit et en influencer dans une certaine mesure l’issue. Dans l’ensemble, le soutien de la Russie au régime de Damas lui a permis de s’imposer comme un acteur majeur au Moyen-Orient, avec une influence significative sur l’issue du conflit syrien et sur l’équilibre des pouvoirs régional plus large.
Certains analystes estiment que la position de la Russie sur cette question est davantage influencée par des facteurs internes que par des facteurs externes. Plus précisément, ces analystes estiment que la situation est influencée par les implications psychologiques de l’élite dirigeante du Kremlin. Cela peut indiquer divers facteurs, tels que le désir de conserver le pouvoir, la peur des menaces extérieures ou le désir de projeter son pouvoir et son influence sur la scène mondiale. En soutenant Damas, le gouvernement du Kremlin envoie le message que ni les Nations Unies ni aucun autre organisme n’a le droit de déterminer qui dirige un État souverain. Cette position trouve un écho auprès de la classe politique et du public russes et renforce l’image de la Russie en tant que puissance mondiale. Cependant, il convient de noter qu’il ne s’agit que d’un point de vue parmi d’autres, et que d’autres facteurs peuvent également entrer en jeu. Même si les considérations géopolitiques jouent un rôle majeur dans le soutien de la Russie à Assad, des préoccupations humanitaires entrent également en ligne de compte. Les responsables russes affirment que leur intervention en Syrie vise à lutter contre le terrorisme et à stabiliser le pays – des objectifs qui, selon eux, sont mieux atteints en soutenant le gouvernement Assad. Cependant, les critiques affirment que le soutien de la Russie à Assad n’a fait que prolonger le conflit et exacerber les souffrances humaines. Le gouvernement syrien a été accusé d’avoir commis de nombreuses violations des droits humains pendant la guerre civile, notamment l’utilisation d’armes chimiques contre des civils et des campagnes de bombardements aveugles ciblant des zones civiles. En résumé, le soutien de la Russie à Assad revêt de multiples facettes : liens historiques, intérêts stratégiques, peur de l’effondrement de l’État, opposition au changement de régime, efforts antiterroristes, désir de jouer le rôle d’intermédiaire de pouvoir et considérations intérieures. Cette interaction complexe de facteurs rend le soutien de la Russie à Assad cohérent malgré la pression internationale.
La Russie est un important fournisseur d’armes de la Syrie. On estime qu’environ 10 % des ventes mondiales d’armes russes, d’une valeur d’environ 1,5 milliard de dollars, sont destinées à la Syrie. Ces ventes comprendraient des munitions, des avions d’entraînement militaire, des systèmes de défense aérienne et des armes antichar. Il convient de noter que ces chiffres sont des estimations et peuvent varier. En plus de fournir des armes, la Russie a également fourni une assistance militaire et un engagement militaire direct en soutien au régime d’Assad. Ce soutien s’étend au-delà de la lutte contre l’EI et inclut les efforts visant à supprimer tout groupe qui s’oppose au régime d’Assad. Je me suis attardé à dire que le soutien de la Russie à Assad ne se limite pas à la lutte contre l’EI, mais va au-delà et inclut la suppression de tout groupe opposé à son régime. Il est important de noter que la dynamique des relations internationales et du commerce des armes évolue rapidement pour diverses raisons, notamment les changements géopolitiques, les modifications des sanctions internationales et les politiques internes des pays concernés. Par conséquent, les informations fournies doivent être comprises dans leur contexte temporel. En conclusion, le soutien de la Russie à Bachar al-Assad en Syrie est motivé par un ensemble complexe d’intérêts géopolitiques, notamment le maintien d’une position stratégique au Moyen-Orient, la lutte contre l’influence occidentale dans la région et la protection des intérêts économiques et sécuritaires russes. Même si le conflit en Syrie se poursuit, il est clair que l’intervention russe restera un facteur majeur déterminant l’issue du conflit et l’avenir de la région. De plus, la présence russe en Syrie est considérée comme le noyau de l’expansion russe dans la région. Cette présence a donné à la Russie l’occasion de courtiser la Turquie, un allié important de l’OTAN, dans le but d’affaiblir le front de l’alliance atlantique.
Poutine considère l’effondrement de l’Union soviétique comme une tragédie majeure et estime qu’il est nécessaire que la Russie retrouve sa position d’acteur majeur sur la scène mondiale. Il a trouvé en Syrie l’un des moyens par lesquels son pays peut retrouver ce poste. Mais le problème pour l’Occident est que ce fait ne se limite pas à la Syrie. Les preuves indiquent le retour de l’ours russe à plus d’un endroit. Poutine joue un rôle influent en Libye, soutenant les forces du général Haftar contre le gouvernement internationalement reconnu. La Russie est également l’un des plus importants soutiens du régime vénézuélien. Elle ne cesse de jouer le rôle de grande puissance dans son environnement et cherche sans relâche à faire valoir ses intérêts en Géorgie et en Ukraine. Au niveau militaire restreint, il se passe beaucoup de choses. Les forces de l’OTAN évoluent et se repositionnent pour ce nouveau monde de concurrence renouvelée entre grandes puissances. Davantage de forces américaines sont désormais déployées en Europe et les exercices sont menés à un rythme plus rapide et à une échelle nettement plus grande. Toutefois, ce problème n’est pas un problème militaire lorsqu’on l’étudie, mais plutôt un problème diplomatique et politique.
Les opérations russes en Syrie se concentrent sur le développement de défenses multicouches contre les drones terroristes et sur le recours à des frappes de précision contre des cibles répertoriées. Ainsi, l’expérience militaire russe en Syrie s’est révélée inestimable pour inventer des méthodes d’attaque actualisées contre les terroristes dans des régions éloignées de la Russie et pour promouvoir les intérêts nationaux russes. Avec l’appui du régime d’Assad, les entreprises russes ont pu maintenir les relations commerciales existantes et obtenir un nouvel accès aux ressources syriennes. Contrairement aux attentes selon lesquelles l’intervention russe en Syrie deviendrait un « bourbier » ou un « nouvel Afghanistan » pour les forces russes, la campagne militaire de Moscou en Syrie a eu un impact largement positif sur les intérêts vitaux de Moscou, selon le point de vue du Kremlin. L’intervention a considérablement augmenté les chances de survie du régime d’Assad, qui reste l’un des rares alliés fidèles de la Russie, sans pour autant s’avérer trop coûteuse pour la Russie. Alors que les forces russes s’apprêtent à remplacer les forces américaines qui se sont retirées de certaines bases après le lancement par la Turquie de l’opération Source de paix le 9 octobre 2019 contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG) dans le nord-est de la Syrie, la Russie a continuellement intensifié sa présence militaire à l’est de l’Euphrate, y compris dans certaines zones sous le contrôle des YPG.kurde, où elle a augmenté le nombre de ses bases militaires et de ses points de concentration. Il existe actuellement 18 bases et sites militaires russes dans les zones contrôlées par les unités de protection du peuple kurde à l’est de l’Euphrate, notamment à Al-Hasakah, Raqqa, Manbij et Ayn Al-Arab (Kobani) à Alep.
La Syrie est déjà devenue un tournant dans l’histoire de la Russie et dans ses expériences hors des frontières. Et la Russie a peut-être beaucoup réussi, surmontant ses échecs en Afghanistan. Cela reflète également la stratégie de la Russie qui est proche de celle des États-Unis, « sentir le danger », hors des frontières, quoique très lointaines. La Syrie représente également une nouvelle influence pour la Russie sur la Méditerranée, lui permettant de contrôler de nombreux dossiers régionaux afin de garantir ses intérêts et d’imposer sa politique, dans le cadre d’un consensus régional et international.
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