Lors de l’«Opération Luxor», la police autrichienne et les forces spéciales ont perquisitionné des locaux privés, des clubs, des sociétés immobilières en rapport avec les actions des Frères musulmans islamistes et du Hamas en Autriche, près de 1000 policiers ont été mobilisés.
Les personnes impliquées sont accusées de fournir un soutien financier et idéologique aux groupes radicaux des Frères musulmans et du Hamas, une organisation interdite dans plusieurs pays de l’Union européenne, mais pas en Autriche.
L’enquête préliminaire en cours porte sur des soupçons de financement du terrorisme, une organisation terroriste, une association subversive et la création d’une organisation criminelle.
Selon les informations disponibles jusqu’à maintenant, le lien avec l’attentat terroriste du 2 novembre à Vienne serait écarté.
Selon des personnes impliquées dans l’investigation, une association installée à Vienne et à Graz aurait joué un rôle central. Un ancien haut responsable de l’association aurait probablement appartenu au cercle le plus proche de l’ancien président égyptien, Mohammed Morsi.
D’autres représentants de cette association (qui figurent également sur la liste des accusés) ont déclaré sur une chaîne de télévision égyptienne qu’ils ne croyaient plus à la séparation entre la religion et l’État. Mais il s’agit « juste d’un slogan brandi en Europe ».
Il est maintenant clair qu’en lien avec les Frères musulmans égyptiens, la police autrichienne a également perquisitionné des locaux d’une institution religieuse appartenant à un ancien président de l’IGGÖ (Islamische Glaubensgemeinschaft Österreichs), l’organisation principale officielle de tous les Musulmans en Autriche qui a des liens étroits non seulement avec le monde arabo-musulman, mais également avec l’AKP turc (Pari de la justice et du développement) ainsi que les autorités religieuses de Ankara.
Les perquisitions des domiciles de deux co-fondateurs présumés des Frères musulmans d’Autriche ont confirmé officiellement que l’organisation n’a pas de représentation dans le pays. L’un d’eux est un ancien conseiller culturel de l’IGGÖ, tandis que l’autre est le conseiller financier de l’Institut de l’éducation de la religion islamique (IRPA). Le centre s’occupe de la formation des professeurs de la religion islamique dans les écoles obligatoires qui appartiennent à l’IGGÖ.
Les investigateurs ont de même ciblé un politologue autrichien spécialiste de recherches sur l’islamophobie, qui enseigne à l’Université de Salzbourg. Le scientifique collabore avec l’Institut SETA en Turquie, un think tank biaisé financé par l’AKP et son patron est le président turc Erdogan.
Au cours de l’enquête, de nombreuses vidéos révélées auraient montré à quel point les Frères musulmans sont actifs en Autriche. Des hauts représentants internationaux des Frères musulmans ont déclaré qu’ils étaient invités à Vienne et y avaient participé à des événements à plusieurs reprises.
Des vidéos ont montré des participants faisant le signe «R4bia», un symbole des Frères musulmans. Lors de ces événements, des enfants et des jeunes ont chanté des chansons dans lesquelles ils souhaitent être «parfumés comme des martyrs pour l’Égypte» et aussi mourir pour la cause des Frères musulmans. Dans un autre événement, des enfants ont chanté : «Je ne suis pas un lâche! Je meurs sur le champ de bataille !».
Les autorités autrichiennes soupçonnent que le financement du terrorisme est effectué à travers des sous-organisations des Frères musulmans en Europe, notamment en Autriche. La grande partie de l’argent est envoyée du Qatar. L’argent est acheminé via des associations, des fondations ou des entreprises en Autriche. Les révélations autour des Offshore Leaks et les «Panama Papers» ont mené à une piste intéressante. L’un des leaders à Vienne, un universitaire de 37 ans, gère une société boîtes aux lettres au paradis fiscal, l’île de Man. A partir de cette société, il entretient des rapports avec le Liechtenstein, Dubaï, l’Angleterre, le Maroc, l’Arabie saoudite et autres pays.
L’association qui gère des succursales à Vienne et à Graz est a été encore une fois mentionnée en tant qu’interface dans les dossiers d’enquête. En 2015, deux millions d’euros auraient été transférés du Qatar sur le compte du club. Cet argent aurait du être utilisé pour prosélytisme en Europe. En tout cas, plusieurs comptes ont été gelés.
Parmi les accusés i l y un imam, qui a été expulsé de sa mosquée pour ses prêches radicaux. Il aurait dit lors de l’un de ses prêches qu’: « Il est interdit de féliciter les mécréants pour leurs confessions pratiquées. «C’est comme se prosterner devant leur croix (…). Par conséquent, féliciter un mécréant est bien pire chez Allah que féliciter quelqu’un pour avoir bu, pour l’adultère ou pour avoir tué ».
Des leaders de la communauté islamique font également partie du groupe suspect. En outre, un certain nombre de professeurs de la religion islamique seraient de même impliquées dans le réseau. Selon les enquêtes, ils sont accusés d’influencer des enfants avec « des idéologies contestables qui vont directement à l’encontre des valeurs appliquées en Europe ».
Un homme politique, député du Parlement local de Vienne et né en Irak, figure également dans les dossiers de l’enquête. Son nom apparaît en relation avec une école que les Frères musulmans prévoyaient de construire à Vienne, et lors d’une conversation entre un suspect et le politicien mise sur écoute le 25 juin 2020. Un Frère musulman présumé demande si le politicien avait transmis sa demande au maire de Vienne. Le député a ensuite indiqué que cela ne devrait pas être avant les élections, mais après.
Dans un autre appel téléphonique entre deux suspects, ils se sont dit que le député s’est entretenu avec le conseiller municipal de l’éducation. Il a promis de les informer quand il y aura des écoles abandonnées et qui pourraient être utilisées pour le projet de l’école des Frères musulmans. Le troisième appel téléphonique était pour savoir si le maire s’est déjà occupé de «l’affaire».
Autrefois, de nombreuses organisations arabes à l’Occident, non-engagées avec les institutions islamiques officielles, ainsi que des think tanks européens, ont déjà fourni des informations sur l’influence des Frères musulmans en Europe et en Autriche aux autorités de l’État, mais sans réussir les écoutés.