Comité de rédaction
Le phénomène de migrants africains refait surface en Algérie. Des centaines ont investi les rues malgré la crise sanitaire difficile que traverse le pays en raison de la pandémie de Coronavirus. Quotidiennement, le ministère de Défense algérien annonce l’arrestation des migrants africains, sur les frontières sud, en provenance de la zone de sahel qui connait des perturbations sécuritaires dangereuses.
Malgré les campagnes lancées par les autorités algériennes pour renvoyer collectivement les migrants africains vers leurs pays d’origine, les villes du nord, de l’est et même de l’ouest connaissent un afflux massif de migrants africains. Ils ont occupé les espaces publics et les rues et ont installé des camps anarchiques.
Les femmes et les enfants ont choisi de mendier dans les rues et à traverser les routes, devant les portes des magasins et des grands centres commerciaux, tandis que les hommes travaillent dans les fermes, les champs et certains ateliers de construction.
Au cours des deux derniers jours, le ministère de Défense algérien a annoncé l’arrestation de 30 immigrés clandestins de différentes nationalités dans la zone frontalière d’Ain Salih et de la ville de Tlemcen (située au nord-ouest de l’Algérie). Avant cette opération, l’armée algérienne a arrêté des dizaines d’entre eux après avoir franchi la frontière malienne et nigérienne qui vivent une grave détérioration sécuritaire.
Nouveau charge
Selon les observateurs l’Algérie sera confrontée au déplacement massif des migrants africains dans les prochains jours, à cause du conflit sanglant en Libye et des tensions politiques et sécuritaires au Mali et au Niger, sachant que l’Algérie est confrontée à des défis économiques et sociaux difficiles à cause de la propagation du coronavirus.
L’expert en sécurité l’algérien, Akram Khraif, a déclaré à l’Observatoire MENA que la plupart des immigrés clandestins fuyaient la guerre et les problèmes internes dans lesquels leurs pays d’origine pataugent à la recherche de travail. Il ajoute que la situation pourrait se développer à l’avenir, ce qui pèsera sur l’Algérie en raison de la crise sanitaire difficile qu’elle traverse. L’épidémie de Corona en Algérie a pris une tendance inquiétante ces dernières semaines où le taux d’infections a dépassé 600 cas par jour.
Le ministre algérien de l’Intérieur Kamal Beljoud a révélé lors d’une réunion avec les ministres de l’Intérieur d’un certain nombre de pays de l’Union européenne la semaine dernière que le phénomène de migrants africains soulève l’inquiétudes de l’Algérie dans son dimension sécuritaire et humanitaire. L’Algérie a déjà fait face à de vives critiques en 2018 après son annonce la reprise des opérations d’expulsion des immigrants africains. Elle a attribué cela aux risques que le phénomène de l’immigration clandestine pose pour la sécurité et la stabilité sociale du pays.
Le Ministre algérien de l’intérieur a affirmé la disponibilité de l’Algérie et sa volonté constante de renforcer la coopération et la coordination avec les différents partenaires dans le but de mieux maîtriser les flux d’immigrants clandestins selon une perspective équilibrée fondée sur la coopération et la solidarité, en tenant compte de la relation entre le phénomène et les facteurs de développement et de sécurité pour faire face à ses répercussions sur la région.
Embarras international
De son côté, l’ancien parlementaire Mohamed Hadibi a déclaré à l’Observatoire MENA que «le dossier des immigrés clandestins apportera un grand embarras international à l’Algérie dans les circonstances actuelles, compte tenu de la difficulté à y faire face et des options limitées dont elle dispose pour le traiter. Il n’est pas possible d’ouvrir les portes pour les migrants africains à cause de la situation difficile et spécifique que traverse le pays. «
Mohamed Hadibi estime que: «le phénomène de migration n’est pas naturel. Il est contrôlé par parties qui cherchent à collecter de l’argent à travers ces opérations. Les fonds collectés seront exploités pour financer des groupes criminels et terroristes multinationaux. Une hypothèse soutenue par le directeur de la direction de l’émigration au sein du ministère de l’Intérieur algérien Hassen Ksimi en réponse aux accusations de l’Organisation internationale pour l’migration (OIM) en 2018 qui a condamné le déplacement forcé et irrespectueux des droits de l’homme d’un certain nombre de migrants africains.
Ksimi a ajouté : «Il existe des informations précises confirmées par des organisations africaines qui indiquent que des enfants sont vendus à Niamey, Agadez, Asamaka et Arlit au Niger, puis ils se sont acheminés en Algérie, où ils sont exploités dans des conditions inhumaines de huit heures du matin à dix heures du soir», a-t-il dit.
Selon les déclarations de l’ancien parlementaire, Mohamed Hdibi, l’Algérie aujourd’hui, se trouve entre le marteau de traitement humain des immigrés et l’enclume du danger de ce phénomène sur la stabilité de l’État et de la société et les réseaux dangereux qu’il cache.