Le nouveau chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abou Obeida Youssef Al-Annabi, œuvre actuellement, selon de nombreux observateurs, analystes et spécialistes des mouvements djihadistes, pour rassembler les petites organisations régionales pour étendre son emprise sur la région et faire face à l’expansion de l’Etat islamique. Il est probable qu’Al-Annabi essaierait de créer un nouvel équilibre dans la lutte de l’organisation contre Daesh dans Le Sahara ayant des liens étroits avec certaines milices armées qui font le trafic d’armes.
Après le serment d’allégeance à Al-Annabi, juré par les membres du Conseil de la Choura d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, l’organisation tente de revenir sur le devant de la scène en réorganisant ses rangs et en fixant ses priorités pour affronter l’Etat islamique qui cherche à s’emparer des zones d’influence de son «adversaire» dans le djihad, s’étalant au sud du Sahel, au Sahara et jusqu’à la Corne de l’Afrique.
Etendre l’influence d’Al-Qaïda
Les rapports et les recherches effectuées par les spécialistes des mouvements djihadistes soulignent que l’Organisation d’Al-Qaïda au Maghreb islamique aspire à étendre son influence en Afrique du Nord et de l’Ouest. Depuis son adhésion à l’Organisation centrale, la branche maghrébine suit les principes idéologiques d’Al-Qaïda. En 2014, elle a renouvelé son engagement et son allégeance au chef d’Al-Qaïda Ayman Al-Zawahiri, tout en préservant en même temps une large indépendance vis-à-vis au haut commandement d’Al-Qaïda.
Les experts en sécurité s’attendent à ce que la période du règne d’Al-Annabi soit sanglante par excellence. C’est lui d’ailleurs qui a appelé dans une vidéo diffusée en avril 2013 à une mobilisation armée contre les intérêts français dans le monde entier. Ils ont supposé que l’appel d’Al-Annabi était une réponse à l’ingérence de la France au Mali, mais les mêmes circonstances persistent encore. En se basant sur l’appel lancé par Al-Annabi au jihad national et international en septembre 2015, le ministère des Affaires étrangères des Etats Unis l’a considéré comme étant terroriste international, spécialement classé pour son soutien aux terroristes et aux actes terroristes. Un an plus tard, il a publié un autre message audio appelant les Libyens à rejoindre la lutte contre l’Armée libyenne et les forces françaises à Benghazi.
Al-Annabi n’était pas également absent dans le Hirak (mouvement populaire algérien), puisqu’il a prononcé un discours en mars de l’année dernière appelant les Musulmans à l’union pour que l’Algérie soit gouvernée seulement par les règles de l’Islam et que le peuple algérien mette en avant les mœurs de l’Islam et de la charia dans les manifestations contre les 20 ans du règne du président Abdelaziz Bouteflika.
L’alliance avec des groupes armés
Malgré des années de pression exercée par les centres antiterroristes, le haut commandement d’Al-Qaïda demeure actif et s’occupe de diriger un réseau très large. Les hauts dirigeants de l’organisation renforcent la structure dirigeante internationale du réseau et continuent à encourager les attaques contre l’Occident, y compris les États-Unis et la France. Il semble, selon les experts sécuritaires, qu’Al-Qaïda serait devenu plus solide et que son capital organisationnel se renforce continuellement.
Toutefois, la situation des capacités de l’organisation terroriste transnationale de l’Afghanistan à l’Afrique de l’Ouest n’est pas claire car Al-Qaïda entretient une alliance avec des groupes armés dangereux et elle sera renforcée sous le règne d’Al-Annabi.
Les spécialistes des mouvements djihadistes croient que les évolutions que connaît l’organisation au niveau international, notamment au niveau de son commandement, et après la neutralisation d’un ensemble de ses symboles en Iran et en Afghanistan, et les informations circulant sur la mort d’Al-Zawahiri, pourraient pousser Al-Qaïda au Maghreb islamique à entrer en conflit avec les organisations affiliées à l’EI sur le Sahel de l’Afrique et l’Afrique subsaharienne pour se repositionner et établir une nouvelle carte pour toute la région.
En ce qui concerne les rapports d’Al-Qaïda au Maghreb avec l’Etat islamique, Al-Annabi a initialement prétendu que les deux groupes n’entreraient pas en confrontation dans la région du Sahel, mais il a déclaré après que la branche d’Al-Qaïda constituait une menace beaucoup plus importante que l’organisation d’Al-Baghdadi, en la considérant comme étant une forme de bandes criminelles et non une organisation légitime dans la région.
La CIA met par ailleurs en garde contre les deux organisations qui conservent des réseaux internationaux loin d’être vaincus, et que l’EI a toujours des milliers de combattants en Irak et en Syrie seulement, ce qui contredit les allégations des responsables de l’administration américaine selon lesquelles le « califat » a été vaincu.
Chercher des refuges sécurisés
L’organisation centrale d’Al-Qaïda est consciente que le mouvement terroriste mondial et les conflits civils au Moyen-Orient et en Afrique du Nord nécessitent des méthodes opérationnelles particulières. Pour cette raison, Al-Annabi a soutenu le mouvement populaire dans son pays d’origine, l’Algérie. Ainsi, les tensions cachées persisteront entre lui et l’Etat islamique à cause de la désobéissance de ses éléments et de leurs tactiques non-disciplinées.
L’Afrique est l’un des foyers qui pourraient connaitre une concurrence entre Al-Qaïda au Maghreb islamique et l’Etat islamique. Ce dernier essaie de pénétrer dans de nombreux foyers pour attirer des groupes affiliés à Al-Qaïda.
Les analystes estiment que les régions de Derna et d’Ajdabiya en Libye sont susceptibles d’être des scènes d’une activité terroriste plus forte que celle enregistrée entre 2014 et 2016. Jusqu’en 2018, la Libye constituait le quatrième grand incubateur de terroristes, avec plus de dix mille djihadistes répartis sur des groupes affiliés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda. Parmi ces organisations, mêmes si elles étaient vaincues, Ansar Al-Charia, le Conseil de la Choura des révolutionnaires de Benghazi, le Conseil de la Choura des moudjahidines de Derna et d’Ajdabiya demeurent parmi les groupes extrémistes susceptibles de revenir, compte tenu de la relation étroite entre Al-Annabi, Mohammad Al-Zawi et la Brigade des Martyrs d’Abou Salim.
Tous les affiliés d’Al-Qaïda sont impliqués dans les mouvements de révolte en Afrique et au Sahel, particulièrement les combattants de la branche de l’organisation au Maghreb islamique dirigée par Al-Annabi, puisqu’ils conservent des refuges sécurisés et des ressources, avec l’intention d’attaquer les intérêts locaux et régionaux des États-Unis en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud, selon un communiqué de la CIA.