Un nouveau séisme a secoué le mouvement tunisien Ennahdha après la signature de 49 membres du Conseil de la Choura du mouvement d’une motion de retrait de confiance au président du Conseil, Abdelkarim Harouni, qui occupe ce poste depuis juin 2016.
Les signataires, des leaders réformistes, ont accusé Harouni d’avoir commis des « erreurs sans précédent » contribuant à inciter le peuple contre le mouvement, et ce à travers ses « déclarations désastreuses », particulièrement celles liées au « Fonds pour la Dignité » et au versement d’indemnités à ceux qui ont subi de graves violations de leurs droits fondamentaux.
Les signataires ont également appelé à des réformes au sein du mouvement Ennahdha, en exprimant leur refus de la manière avec laquelle est géré le Conseil de la Choura par Harouni, et sa tentative de « marginaliser son rôle au sein des institutions du mouvement », selon le texte de la motion. Ils ont de même critiqué la partialité de Harouni et sa défense acharnée des positions du leader du mouvement, Rached Ghannouchi.
Cependant, la dirigeante du mouvement Ennahdha, Jamila Ksiksi, a démenti l’existence d’une motion officielle de retrait de confiance à Harouni ou la signature de tout membre du Conseil de la Choura d’un document pour lui retirer la confiance, en considérant que la question demeure toujours « une idée en discussion entre certains membres du Conseil de la Choura ».
Il convient d’évoquer par ailleurs que plusieurs dirigeants du mouvement Ennahdha ont poussé vers la démission de Harouni de la présidence du Conseil de la Choura lors d’une réunion extraordinaire tenue le 4 août, suite à l’activation par le président, Kaïs Saïed, de l’article 80 de la Constitution et de sa décision de limoger le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, de son poste, ainsi que de geler les travaux du Parlement avec la levée de l’immunité de ses membres.
Toutefois, le refus de Harouni de démissionner et la façon dont il a traité les voix appelant à son retrait ont contribué à attiser la tension au sein du mouvement, surtout qu’il y a de profondes divergences par rapport à l’évaluation des décisions de Saïed du 25 juillet dernier, entre ceux qui les considéraient comme un « coup d’État » et d’autres qui les considèrent comme étant une « rectification pour le processus démocratique ». Les dirigeants réformistes au sein du mouvement ont appelé Rached Ghannouchi et ceux qui lui sont fidèles « à faire preuve de courage et d’assumer la responsabilité de ce qui s’est passé à travers un diagnostic réaliste ».