L’Autriche
Le Parti de la justice et du développement a débuté la campagne électorale pour les communautés turques.
Il semble que le Parti de la justice et du développement au pouvoir, dirigé par le président Erdogan, a déjà lancé sa campagne auprès de la diaspora turque en Europe, même si les prochaines élections législatives et présidentielles n’auront pas lieu en Turquie avant le milieu de l’année prochaine. La crise économique et financière en cours qui touche le Bosphore, ainsi que l’invasion russe de l’Ukraine sont parmi les raisons pour lesquelles le parti n’est pas sûr d’avoir une large majorité qui lui soutient en Turquie.
Pour cela, l’organisation sœur de l’AKP de l’Autriche a organisé une tournée de propagande de plusieurs jours pour les représentants de haut rang du parti d’Erdogan. Des députés du parti AKP et des membres du gouvernement se sont rendus aux clubs, aux magasins et aux établissements d’enseignement turcs à Vienne. A titre d’exemple, la visite à la Fondation Maarif dans la région Ottakring à Vienne montre l’effort déployé afin d’assurer une influence durable sur la communauté turque.
L’activité réelle est plus claire dans le domaine religieux et politique, où le seul actionnaire est la Fondation Maarif, basée à Istanbul. Elle a été créée par le gouvernement turc dans le but de contrarier le mouvement Gülen.
Le président Erdoğan a indiqué à propos de la Fondation : « Notre fondation assure le transfert des savoirs issus des traditions de la science et de la sagesse en Anatolie aux jeunes du monde entier. De cette façon, elle contribue à l’éducation des générations vertueuses et compétentes ».
Selon une enquête effectuée par des médias autrichiens, Bülbül Ersoy, ancien responsable de la Fédération islamique (FI), la branche régionale de la communauté musulmane Millî Görüş (IGMG), dirige la Fondation Maarif à l’Autriche. Une réunion a été documentée au siège de l’Union islamique à Vienne en été de 2021, au cours de laquelle Ersoy et Yusuf Yildiz de l’ambassade de Turquie et le responsable de l’éducation, Ali Kaya, ont échangé les points de vue « sur l’éducation des Turcs autrichiens ». L’Union islamique turque (Atib), qui, comme Millî Görüş, prétend ne représenter que des intérêts religieux, apparaît également dans le réseau de Maarif.
Les partisans de l’AKP à l’étranger n’ont pas réalisé un grand succès lors des récentes élections nationales turques, en particulier en Allemagne, en France, aux pays scandinaves et en Autriche. Ainsi, la diaspora turque pourrait être cruciale pour la survie politique d’Erdogan et de son parti.
La Turquie
La nouvelle politique turque contre les Frères musulmans après la visite d’Erdogan au Golfe arabe
L’annonce de la fermeture de la chaîne de télévision turque appartenant aux Frères musulmans, Mekameleen, et le retrait de sa licence de diffusion souligne la tentative du gouvernement Erdogan d’améliorer les relations avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis à long-terme.
Les stations de télévision des Frères musulmans en activité faisaient partie de l’arsenal de propagande d’Ankara contre l’Égypte et les États arabes du Golfe. A partir de 2018, Ankara a également exploité sa politique médiatique pour attaquer et faire pression sur l’Arabie saoudite, dans le but d’exploiter l’affaire du journaliste assassiné Jamal Khashoggi en sa faveur.
Ankara s’efforce désormais pour se réconcilier avec le Caire, Riyad et Abou Dhabi, également motivée par la crise économique et financière continue dans le pays. Et cela a également englobé la mise à l’écart ouvertement des Frères musulmans.
Erdogan cherche maintenant à renforcer les liens non seulement avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, mais aussi avec l’Égypte, même si cela signifie saper davantage les opérations de propagande régionale des Frères musulmans.
Ankara avait en fait demandé à Yasser al-Omda, un idéologue des Frères musulmans, en mars dernier de quitter le pays après avoir critiqué la politique du Caire en appelant à une «révolution populaire» en Égypte lors des déclarations à la télévision.
L’activiste des droits de l’Homme Kavala condamné à l’emprisonnement à perpétuité
Un tribunal turc a condamné l’activiste des droits de l’homme, Osman Kavala, à la prison à vie pour avoir soutenu les manifestations de masse en 2013. Le tribunal a reconnu l’homme d’affaires de 64 ans coupable d’avoir tenté de renverser le régime au pouvoir et a exclu la possibilité de sa libération conditionnelle, et sept autres accusés ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 18 ans d’emprisonnement.
Dans son dernier communiqué, Kavala a de nouveau nié en bloc les accusations, car les allégations portées contre lui sont déraisonnables et tout ce qu’il a fait était d’apporter les pâtes et des masques aux manifestants. C’est une perte irréparable vu qu’il a déjà passé quatre ans et demi en prison. Et il a dit : « ma seule consolation est que mon expérience contribuera à une meilleure compréhension des graves problèmes auxquels est confrontée la justice ». Amnesty International a critiqué la condamnation en la qualifiant d’«extrêmement abusive». Tandis que les avocats de Kavala ont annoncé qu’ils allaient faire appel du jugement.
Kavala est resté en prison pendant plus de quatre ans sans être condamné. En 2020, il a été acquitté des charges liées aux manifestations autour de Gezi à Istanbul. Cependant, il a été immédiatement arrêté à nouveau pour d’autres accusations, et l’acquittement a ensuite été annulé.
En 2019, la Cour européenne des droits de l’Homme a considéré que la condamnation de Kavala était injuste et afin de le faire taire ainsi que d’autres activistes des droits de l’Homme, car les accusations portées contre lui n’étaient pas fondées. En revanche, la Turquie se justifie en disant que le maintien en détention de Kavala est basé sur des allégations liées à la tentative de coup d’État de 2016.
Conseil de l’Europe
Le président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe condamne le jugement de Kavala
En réponse à l’aggravation de la peine d’Osman Kavala pour devenir à perpétuité, Tiny Kox, Président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), a publié le communiqué suivant :
« Je suis profondément déçu par la condamnation à perpétuité prononcée par un tribunal d’Istanbul contre Osman Kavala. Le fait qu’il ait passé près de cinq ans en détention provisoire et qu’il soit désormais condamné à l’emprisonnement à perpétuité à l’issue d’un procès qui s’est avéré contraire à la Convention européenne des droits de l’Homme est une réalité effroyable. Je rappelle que la non application du jugement de la Cour de Strasbourg dans l’affaire d’Osman Kavala a poussé le Comité des ministres du Conseil de l’Europe à saisir la Cour européenne des droits de l’Homme en vertu de l’article 46 (4) de la Convention. M. Kavala doit être libéré sans plus tarder.
Dans sa décision de décembre 2019, la Cour européenne des droits de l’Homme a conclu que l’arrestation et la détention provisoire d’Osman Kavala avaient eu lieu sans preuve raisonnable qu’il avait commis une infraction pénale (violation de l’article 5 paragraphe 1 de la Convention). Cela a aussi un autre objectif, il s’agit de la faire taire et d’intimider les autres défenseurs des droits de l’Homme (violation de l’article 18 combiné à l’article 5 paragraphe 1).
La France
Étude: Comment bénéficient les jeunes musulmanes de l’interdiction du voile
En France, le voile a été interdit dans les écoles publiques depuis 2004. Une étude à grande échelle démontre aujourd’hui comment les jeunes musulmanes en ont profité.
Une nouvelle étude de l’« Ecole d’économie de Paris » apporte maintenant une explication. Il apparaît que l’interdiction du voile a eu un effet positif évident, étant donné qu’elle a stimulé l’éducation des jeunes musulmanes et en même temps a encouragé leur intégration.
Plus précisément, les auteurs ont enquêté si l’interdiction imposée sur les symboles religieux dans les écoles « est un signe d’intolérance qui empêche les écolières musulmanes d’assister à des cours réguliers, ou si elle favorise plutôt leur intégration scolaire ».
Durant l’étude, les chercheurs ont comparé les compétences scolaires des femmes musulmanes et non musulmanes nées en France avant et après l’interdiction du voile.
Il est devenu clair que parce que le voile de toutes sortes n’était plus autorisé, les écolières musulmanes ont pu rattraper leur retard en ce qui concerne l’école et obtenir leurs diplômes universitaires, et l’écart entre elles et leurs paires non musulmanes a été réduit de moitié, en passant de 13,4 % à 6,8 %.
L’impact était particulièrement important pour les filles et les jeunes femmes issues de familles très traditionnelles et des pères originaires du Maghreb Arabe ou du Moyen-Orient, tandis que l’écart était significativement moins important pour les pères originaires des pays africains.
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