Dans le cadre de sa révélation des fonds du mouvement palestinien « Hamas », le journal allemand « Die Welt » a publié des documents exclusifs des cercles de sécurité occidentaux, montrant que le mouvement palestinien dispose, depuis début 2018, d’un portefeuille secret d’investissements internationaux, et des actifs dont la valeur estimée par le Hamas lui-même à 338 millions de dollars environ, tandis que leur valeur réelle dépasse plus d’un demi-milliard de dollars.
Selon le journal, le portefeuille regroupe une quarantaine d’entreprises contrôlées par le Hamas au niveau international. Ces entreprises opèrent principalement dans le secteur de la construction, et elles se situent dans plusieurs pays, mais seule une poignée de responsables du Hamas sont au courant de ces investissements.
Le journal a précisé que ces documents ont été découverts par des services de sécurité occidentaux sur un ordinateur appartenant au Hamas. Les documents contiennent des détails sur le budget du mouvement de 2008 au début 2018, utilisés pour le contrôle de ses finances internes.
Selon les documents, constituant le plus récent bilan des budgets du mouvement, les revenus des investissements totalisant 49 millions de dollars ont été versés entre mi-2017 et mi-2018 au Hamas dans le but de les utiliser pour des fins militaires.
Dans ce contexte, Jonathan Schanzer, l’ancien analyste au Trésor américain des flux financiers des organisations terroristes, a dit que « des rapports circulent depuis des années autour d’un grand groupe d’entreprises et de biens appartenant au Hamas ».
Il a poursuivi : «Les entreprises qui génèrent un revenu régulier seront très bénéfiques pour le groupe terroriste tant qu’elles sont capables d’opérer publiquement et ne sont pas classées comme étant illégales».
Quant à Matthew Levitt, qui a occupé un poste de haut responsable au département du Trésor américain dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et du renseignement et qui préside actuellement le programme de lutte contre le terrorisme au Washington Institute, il n’a pas voulu commenter l’authenticité des documents, mais il pense que leur contenu est raisonnable.
Levitt a indiqué dans une déclaraation au journal allemand : «Ce n’est un secret pour personne que le Hamas avait investi dans des sociétés étrangères dans toute la région pour financer ses activités».
Les documents ont également révélé que le Hamas a construit petit à petit son empire commercial international au cours des vingt dernières années, dans le but d’utiliser ses fonds comme une réserve monétaire en cas de besoin.
Le journal allemand a encore dit que le Hamas, particulièrement au cours des trois dernières années, a progressivement transféré ses activités en Turquie.
Dans ce contexte, le journal a rapporté selon Schanzer ses propos qu’« Erdogan est profondément impliqué dans les activités du Hamas en Turquie, et il rencontre régulièrement les dirigeants du Hamas qui y sont présents ».
Il a ajouté : « J’ai des informations de sources fiables selon lesquelles il est pleinement au courant de toutes les activités du Hamas, y compris celles qui se déroulent en dehors de la sphère politique ».
Les analyses obtenues par le «Die Welt» allemand indiquent que les entreprises détenues par le Hamas apparaissent comme des entreprises ordinaires pour le monde extérieur, mais en réalité elles sont contrôlées par des membres du mouvement qui entretiennent une relation secrète ou des hommes d’affaires locaux qui sont utilisés comme une vitrine, et ils ont souvent de bonnes relations avec le mouvement palestinien également.
De plus, l’argent des aides arrive périodiquement au Hamas dans la Bande de Gaza, y compris depuis l’Allemagne, a rapporté le journal allemand.
Le Qatar, l’Iran et la Turquie étaient de généreux donateurs au Hamas dans le passé, mais les Nations Unies, l’Union européenne, l’Égypte, les États-Unis, la Chine, l’Allemagne et la Grande-Bretagne se sont également engagés cette année à fournir une aide humanitaire pour la reconstruction, mais ce que ces pays et ces institutions ne semblent pas savoir que « le Hamas est une organisation riche détenant d’énormes actifs à l’étranger ».
Il parait que le chef actuel du portefeuille d’investissements du Hamas est Ousama Abdelkarim, qui réside au Liban et se rend fréquemment en Turquie, mais il travaille dans les coulisses.
La partie la plus impliquée dans la gestion des activités économiques est l’adjoint d’AbdelKarim, Hichem Younis Qafisheh, qui est membre du conseil d’administration de plusieurs sociétés contrôlées par le Hamas, dont la société Trend Geo en Turquie.
Il est également le directeur de la société de Hamas dans la capitale soudanaise, Khartoum, spécialisée dans la construction des routes et des ponts. D’autres acteurs du Hamas ont de multiples fonctions au sein du groupe de sociétés.
Selon Die Welt, un chapitre du budget du Hamas a d’abord déconcerté les experts. Il s’intitule « L’économie » dont le total de ses revenus s’élève à 49 millions de dollars.
Il est divisé en sous-catégories dans lesquelles le terme « économie » apparaît fréquemment avec diverses combinaisons de lettres arabes, mais elles indiquent les subdivisions régionales du Hamas.
Avec 29 millions de dollars, la majeure partie des revenus du portefeuille d’investissement va à Gaza même, tandis que le mouvement alloue 9 millions à ses activités étrangères telles que ses activités au Liban, cinq millions au bureau de Jérusalem et pas moins de quatre millions aux Arabes en Israël.
Selon les cercles de sécurité occidentaux, 30 à 40 % des fonds sont utilisés pour mener des opérations militaires et terroristes.
Quant au transfert d’argent au Hamas dans la Bande de Gaza et le fait de dissimuler les revenus aux autorités fiscales des pays hébergeant les sociétés, le mouvement palestinien utilise également les outils du « crime organisé ». En effet, l’argent est transféré à l’aide de « bureaux de change » plutôt qu’à travers le système bancaire.
Schanzer, l’expert dans le domaine du terrorisme, a aussi indiqué : «Je m’attends à ce que les pays dans lesquels se situent les activités financières du Hamas prennent des mesures pour les démanteler, et ce par crainte d’être sanctionnés par les pays occidentaux, ainsi que par inquiétude de voir les risques associés aux activités financières illégales augmenter à l’intérieur de leurs frontières ».