L’Iran a trouvé dans l’emprise de l’organisation de Daesh sur de vastes régions du gouvernorat de Deir Ezzor et les régions ouest de l’Irak adjacentes aux frontières syriennes en 2014 l’opportunité de renforcer son contrôle sur le gouvernorat, soutenu par les milices d’Al Hachd chiite en Irak, ainsi que les milices afghanes et pakistanaises, Zainebiyoun (La Brigade du peuple de Zayneb, ndlr) et Fatimiyoun (Division des Fatimides anciennement Brigade des Fatimides, ndlr), placées sous le contrôle direct du Corps des Gardiens de la Révolution.
Les sources de MENA ont confirmé que les bras militaires d’Iran sont présents partout dans le gouvernorat notamment dans les villes d’Al-Boukamal et d’Al-Mayadin et leurs milieux ruraux. Toutefois, elles ont précisé que les Gardiens de la Révolution ont fait de certains points particuliers leurs sièges, y compris, selon les sources, le Centre d’études agricoles et les entrepôts adjacents situés sur la route de Harabesh que les Gardiens de la révolution les transformaient en une usine pour fabriquer des substances chimiques et des gaz utilisés dans les missiles et les roquettes.
Les sources ont indiqué aussi que l’Iran a commencé à travailler dans ce siège en mi-année de 2018 et que personne n’est autorisée à y entrer, même de l’Armée du régime syrien, sauf dans des cas exceptionnels demandés par les Gardiens de la révolution eux-mêmes. Il s’agit par exemple de demander un technicien électricien ou autres services secondaires. Mai ces techniciens sont généralement choisis parmi les soldats ou les officiers ayant de l’expérience et fidèles à l’Iran.
Zone camouflée
Les sources ont expliqué que les Gardiens de la révolution, afin de ne pas attirer l’attention sur cette région, l’ont gardée sous bonne garde, mais elle est soigneusement cachée. Ils utilisent aussi les caméras de surveillance d’une façon très grande pour aider à garder la région sans risquer de dévoiler les gardes sous couverture. Ces caméras sont réparties sur les routes menant à la région et aux alentours, sur les murs du siège et des entrepôts, et à l’intérieur, tandis que sur le toit il y a des personnes armées de fusils de précision modernes.
Selon les sources, un bataillon de la Division des Fatimides dirigé par Samer Soufan originaire du village chiite d’Al-Foua dans les milieux ruraux d’Idlib s’occupe de garder le site. Le nombre de ses éléments estimé à 50 sous couverture s’occupent également d’escorter les charges qui arrivent au site et elles sont généralement transportées par avion à travers les compagnies aériennes iraniennes : Qasem Fares Air, Iran Air, ainsi que MahanAir.
Ces cargaisons, comme le confirment les sources, arrivent à l’aéroport de Damas ou à la base militaire Al-Sayquâl. Puis elles sont escortées par des unités des Gardiens de la Révolution et de la Force Qods. Au cours de cette opération de transport, ils utilisent des camions avec le logo du Croissant-Rouge syrien, pour les protéger des frappes aériennes, sous prétexte qu’il s’agit du matériel de secours du Croissant-Rouge. Lorsqu’elles arrivent à Deir Ezzor, le bataillon de garde, Fatemiyoun, s’occupe de les livrer au site.
Nitrate d’ammonium
Les sources ont confirmé que des personnalités importantes fréquentent régulièrement le site, notamment le commandant militaire, Safidar, responsable des locaux de sécurité et des dépôts d’armes à Deir Ezzour. Il est de nationalité afghane, ainsi que le général Mohammad Reza Falahzadeh, surnommé Abu Bakr, le commandant adjoint des milices iraniennes du corps des Gardiens de la Révolution et commandant de la salle d’opérations de Deir Ezzor, en plus de Mohammad AR Asfari, un commandant de la Force Basij.
Les sources de MENA ont estimé le nombre des employés au siège, entre experts, techniciens et ingénieurs, à environ 20 personnes, portant des uniformes militaires, parmi eux un officier avec grade de général, mais ils portent également des vêtements en plastique qui couvrent tout le corps, même la tête, pour se protéger des produits chimiques. Ces vêtements de protection en plastique sont équipés de masques, ce qui confirme, selon les sources, que les substances traitées à l’intérieur du siège sont des produits chimiques dangereux. il est à noter que le site contient des outils et des machines industrielles, des presses hydrauliques, des alésoirs industriels, des outils de forgeage, de soudage et de coupe, en plus des grues fixées au plafond avec des rails de transport électrique. A cela s’ajoutent des dizaines d’engins en plastique multicolores remplis de matières liquides, des dizaines de barils et des sacs contenant des matières probablement qu’il s’agit de nitrate d’ammonium, dont une partie a été transportée, selon les sources, à l’aéroport d’Abu Al-Fida à Hama, où se trouvent dans cette région l’Université de biochimie militaire et une usine des produits chimiques appartenant à l’Armée du régime et supervisée par le Corps des Gardiens de la Révolution iranien.
Chimique et chiisme
L’Iran et ses milices ne se sont pas contentés de contrôler la plus grande partie du gouvernorat de Deir Ezzor et d’entamer une campagne pour rendre chiites les habitants qui ne le sont pas, mais encore ils poursuivaient les personnes qui avaient fui vers le sud de Dama à plus de 350 km, dans le but de les pousser à se convertir en chiisme à travers certains originaires des tribus qui entretiennent de bonnes relations avec Les Gardiens de la Révolution, en particulier dans la région de Sayyida Zeinab, au sud de Damas, où les Gardiens de la Révolution ont pu acheter de nombreux biens immobiliers et maisons à des prix élevés.
Les observateurs des mouvements iraniens en Syrie ont expliqué que la tentative de l’Iran d’intensifier sa présence dans toutes les zones du sud de Damas, de la région de Sayyida Zeinab au sud-est de Damas à Daraya au sud-ouest de Damas, par sa volonté de faire de la banlieue sud de Damas le principal fief des milices du Hezbollah à l’instar de la banlieue sud de Beyrouth, principal fief de ses milices dans la capitale libanaise.