Au cœur du Yémen, où la géographie se mêle à la politique et où la tribu est plus qu’une simple identité – elle est la première ligne de défense en temps de crise – des voix s’élèvent à Amran, déclarant leur impatience et appelant à une mobilisation de masse.
Les cheikhs de Hashid et de Bakil, les deux plus grandes tribus du Yémen, se sont réunis en masse à Marib, la ville qui est devenue une forteresse de résilience face à l’avancée des Houthis. Avec des expressions sévères et des regards résolus, les chefs de tribus ont proclamé : « Le temps est venu pour restaurer l’État ! » Ce ne sont pas de simples spectateurs du paysage politique et militaire complexe du Yémen ; ce sont des hommes qui connaissent aussi bien les armes que la terre elle-même. Ils reconnaissent que le Yémen se trouve à un carrefour périlleux.
Ils ont affirmé qu’ils étaient prêts à s’engager directement dans la bataille aux côtés de l’armée nationale contre la milice Houthi, une milice qui a fait d’Amran une rampe de lancement pour ses ambitions expansionnistes, la transformant en dépôt d’armes et en bastion militaire depuis la trêve de l’ONU en 2022. Amran n’est pas seulement une province ; c’est une porte stratégique reliant Saada, le bastion des Houthis, à Sanaa, la capitale toujours sous leur emprise. Contrôler Amran signifie freiner les Houthis et affaiblir leur capacité à s’étendre à d’autres provinces.
Les tribus se sont donc senties obligées d’agir, conscientes que la situation actuelle est devenue insupportable et que les souffrances des civils ont atteint un niveau intolérable.
Une crise dans le Sud :
Pendant que cette scène se déroulait dans le nord, une autre crise s’aggravait dans le sud, non pas sur le champ de bataille, mais dans la vie quotidienne. À Aden, capitale temporaire du gouvernement légitime et autrefois visage lumineux du Yémen, la ville s’est retrouvée plongée dans l’obscurité la plus totale. L’électricité avait été complètement coupée, les hôpitaux étaient sur le point de fermer et des alertes ont été lancées concernant l’effondrement potentiel de l’approvisionnement en eau.
Les rues autrefois animées sont devenues le théâtre de l’indignation publique. Les habitants d’Al-Mansoura et d’autres quartiers d’Aden sont descendus dans la rue pour protester contre l’effondrement des services publics. Brandissant des banderoles pleines de colère, ils ont exigé du gouvernement qu’il tienne ses promesses de réparer le secteur de l’électricité, qui souffre d’une grave crise du carburant. Le gouvernement a eu du mal à payer le diesel et le mazout, ce qui a exacerbé la crise.
En réponse, le gouvernement, dirigé par le Premier ministre Ahmed Awad bin Mubarak, a annoncé des mesures urgentes pour assurer l’approvisionnement en carburant des centrales électriques et a entrepris des efforts intensifs pour pomper le pétrole brut de Safer à Marib afin d’éviter qu’Aden ne soit complètement plongée dans l’obscurité.
Violations des droits de l’homme dans les zones contrôlées par les Houthis :
Par ailleurs, plus de dix organisations yéménites de défense des droits de l’homme ont condamné les horribles violations des droits de l’homme dans les zones contrôlées par les Houthis, qui ont récemment entraîné la mort de la mère de l’activiste Rabab Al-Madwahi, qui avait été arrêtée.
Dans une déclaration commune, les organisations ont dénoncé les circonstances tragiques de sa mort : « Elle est décédée dans le chagrin et l’agonie de sa fille, qui reste emprisonnée par les Houthis, après avoir enduré des tourments psychologiques prolongés et l’incertitude quant à son sort ».
Les Houthis avaient enlevé Al-Madwahi en juin 2024 dans le cadre d’une vaste campagne de répression contre les employés des bureaux de l’ONU et le personnel de l’ambassade, les accusant de fausses accusations d’espionnage. Ces pratiques répressives mettent en danger des vies innocentes et constituent des violations flagrantes des droits de l’homme et du droit international.
Les organisations ont également condamné fermement la mort d’Ahmed Baalawi, un travailleur humanitaire du Programme alimentaire mondial, qui a été torturé à mort à Saada. Dans leur déclaration, elles décrivent son assassinat comme « un rappel douloureux des graves abus commis contre les travailleurs humanitaires et le personnel international au Yémen ».
Ils ont également critiqué les Houthis pour leur recours continu à la torture, leurs conditions de détention inhumaines et le fait que les détenus ne puissent pas contacter leur famille ou recevoir des visites, ce qui constitue de graves violations des droits de l’homme et un défi direct au droit international et à la communauté mondiale.
Les organisations de défense des droits de l’homme ont demandé l’ouverture immédiate d’une enquête internationale indépendante sur tous les cas de détention arbitraire et de décès directement ou indirectement causés par l’emprisonnement, comme dans le cas de la mère de Rabab Al-Madwahi. Elles ont également demandé la libération immédiate de Rabab Al-Madwahi et de tous les prisonniers innocents détenus injustement par les Houthis, en veillant à leur bien-être psychologique et physique.
En outre, ils ont souligné la nécessité d’une enquête approfondie et indépendante sur la mort du travailleur humanitaire Ahmed Baalawi à Saada, afin que les responsables répondent de leurs actes et que toutes les victimes de ces violations obtiennent justice.