La réception par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, du conseiller à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, Cheikh Tahnoun ben Zayed Al Nahyane, dans la capitale, Ankara, a ouvert une nouvelle porte à la normalisation des relations turques avec les pays de la région. En fait, la rencontre a fait la une des journaux locaux turcs, après l’effondrement des relations entre les deux pays.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a révélé qu’une réunion avec le prince héritier d’Abou Dhabi, le cheikh « Mohammed ben Zayed », sera attendu prochainement, en espérant qu’« après la réunion d’aujourd’hui avec le conseiller à la sécurité nationale des Émirats arabes unis (Cheikh Tahnoun ben Zayed Al Nahyane), nous allons avoir plus de réunions avec Mohammed ben Zayed. J’espère qu’à travers ces réunions, nous pourrions résoudre les problèmes de la région en tant que personnes issues de la même culture et des mêmes croyances».
Une nouvelle page…
Erdogan a affirmé, lors d’une émission en direct sur la chaîne turque «TVNET» qu’: «Il y a toujours de l’instabilité dans les relations entre les pays, et notre institution de renseignement a tenu des réunions avec les Émirats arabes unis pendant quelques mois avant d’atteindre ce stade», en expliquant que «la rencontre a porté sur les relations entre les deux pays, et les questions régionales, ainsi que la discussion de la possibilité de l’investissement des Émirats arabes unis en Turquie».
En outre, le président turc a fait savoir : « Nous avons eu une discussion sérieuse autour des investissements des Émirats arabes unis en Turquie, et lors de cette réunion, nous avons discuté les types d’investissements qui peuvent être réalisés dans différents domaines, et ils ont des objectifs et des plans d’investissement très sérieux. Nous espérons, dans très peu de temps, que les Émirats arabes unis entreprendront d’importants investissements dans notre pays ».
Cette rencontre intervient des mois après un appel téléphonique entre les ministres des Affaires étrangères de la Turquie et des Emirats Arabes Unis. Il s’agit du premier de son genre depuis 5 ans, un signe de progrès remarquables dans le dossier de la normalisation des relations entre Ankara et Abou Dhabi.
De son côté, l’agence de presse des Emirats, WAM, a rapporté que les deux parties ont discuté, lors de la réunion, qui s’est tenue à Ankara, « les moyens de renforcer les relations bilatérales entre les Emirats arabes unis et la République de Turquie, particulièrement la coopération économique et commerciale et les opportunités d’investissement dans les domaines de transport, de la santé et de l’énergie, de façon à servir les intérêts communs des deux pays, en affirmant que durant la rencontre des question à intérêt commun étaient encore abordées.
Les relations entre la Turquie et les Émirats arabes unis ont connu une période difficile pendant des années, et la crise diplomatique entre les responsables a atteint son paroxysme lorsque l’Arabie saoudite, avec Abu Dhabi, Bahreïn et l’Égypte, ont décidé un blocus contre l’État du Qatar en juin 2017, au cours de laquelle Ankara s’est rangé du côté de son allié Doha et l’a soutenu politiquement, économiquement et militairement. Et Abou Dhabi refuse l’implication d’Ankara dans l’invasion d’un certain nombre de pays arabes et le soutien des Turcs aux Frères musulmans, classés en tant qu’organisation terroriste dans un certain nombre de pays arabes.
Une rencontre historique et positive…
Par aiilleurs, Anwar ben Mohammed Gargash, le conseiller diplomatique du président des Émirats, a estimé que le conseiller à la sécurité nationale des Émirats a tenu une réunion positive avec le président turc, axée sur la coopération et les partenariats économiques.
Le conseiller diplomatique du président des Emirats a qualifié la rencontre qui a réuni le conseiller émirati à la sécurité nationale, Cheikh Tahnoun ben Zayed Al Nahyane, avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, d’« historique et positive ».
Gargash a également affirmé, dans une publication sur Twitter, que les Émirats arabes unis continuent d’établir des ponts et de consolider les relations, les priorités de prospérité et de développement, le moteur de notre orientation interne et la locomotive de notre politique étrangère ».
Erdogan a déployé des efforts importants afin de rétablir les relations avec un groupe de pays régionaux concurrents, dont l’Égypte, dans une tentative de mettre un terme à l’isolement diplomatique croissant auquel la Turquie est confrontée et qui a réduit le nombre des investisseurs étrangers dans l’économie turque faible.
Il convient de noter que les investissements entre les entreprises émiraties et turques ne se sont pas arrêtés au cours des dernières années, et s’ils ont légèrement baissé, leur rythme s’est accéléré lors de la période de l’épidémie de Coronavirus. Les petites et moyennes entreprises, l’entrepreneuriat, les secteurs des énergies renouvelables, les industries manufacturières, les industries alimentaires, les domaines pharmaceutique et médical, le tourisme, les biens et services de consommation, les services financiers et logistiques, le commerce de détail, les centres commerciaux et les hôtels constituent les investissements les plus importants des Émirats en Turquie.
La Turquie a atteint le sommet de l’indice mondial de la misère, après avoir atteint le point le plus élevé de l’indice ces dernières années, à un taux de 32,2 points, et il est prévu que l’indice devrait encore augmenter dans la période à venir après la hausse non-maîtrisable du coût de la vie, selon un rapport préparé par le groupe parlementaire du Parti populaire républicain.
Les échanges commerciaux entre eux ont atteint, d’une façon générale, le pourcentage le plus élevé parmi tous les autres pays du Golfe avec la Turquie, avec 8 milliards de dollars en 2020, malgré la pandémie de l’épidémie de Coronavirus, selon les données du Fonds monétaire international, car les Émirats arabes unis sont classés 12e en tant que le plus grand importateur de produits turcs, ils sont classés neuvième en tant que plus grand exportateur vers le marché turc, tandis que la Turquie occupe le 15e rang à l’échelle mondiale parmi les partenaires commerciaux des Émirats arabes unis.
Des changements régionaux…
Ankara bouge pour atténuer les tensions avec un certain nombre de puissances arabes après son intervention dans le conflit libyen, son implication dans les différends internes dans le Golfe et les demandes concurrentielles de souveraineté sur les eaux de la Méditerranée orientale. D’ailleurs, les deux dossiers de Qatar et de l’Egypte parmi les principaux différends entre la Turquie et les Emirats. Cependant, la réconciliation du Golfe et l’avancement des efforts de rapprochement entre Ankara et le Caire, ont donné une forte impulsion aux efforts de réconciliation entre la Turquie et les Emirats arabes unis qui pourraient bientôt se développer sous forme d’une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays et des visites mutuelles entre eux.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, avait précédemment qualifié la décision de la Turquie d’interdire les activités médiatiques des Frères musulmans de « pas positif » conforme aux règles du droit international et aux relations normales entre les pays fondées sur la non-ingérence dans les affaires intérieures, en ajoutant que « la continuité de ces politiques signifie la normalisation des relations entre les deux pays et l’établissement d’un meilleur cadre, ainsi que le retour des relations et leur normalisation entre les deux parties n’est pas seulement lié à la manière dont Ankara traite avec les Frères musulmans, mais aussi avec le dossier libyen.
De son côté, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a déclaré, lors d’une conférence de presse avec son homologue jordanien, Ayman Safadi, hier, mercredi, à Amman, que son pays cherche à ouvrir de nouvelles pages avec l’Egypte et avec un certain nombre de pays de la région, en expliquant que la région connaît des évolutions récentes, et qu’il y a une nouvelle dynamique dans la région et une nouvelle administration américaine », en considérant que : « les points de vue dans la région sont légèrement différents, et il y a un nouveau gouvernement en Israël, et des évolutions dans le région du Golfe ».
Il semble que des évolutions internationales et régionales aient poussé la Turquie à établir de nouvelles relations avec les États du Golfe, à la lumière de nombreux événements, y compris la réconciliation du Golfe, et la quête de la Turquie pour établir de nouvelles relations avec l’Arabie saoudite. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a exprimé hier mercredi, son espoir de voir l’ambassadeur de Turquie auprès de Riyad, Fatih Ulu Soyi, réussir à donner un coup de pouce aux relations bilatérales pour des horizons plus larges, à un moment où les deux pays cherchent à améliorer les relations tendues ces dernières années.
Les relations entre l’Arabie saoudite et la Turquie ont connu des tensions sans précédent après le déclenchement de la crise du Golfe en 2017 pour qu’elles soient aggravées encore plus suite au meurtre du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat de son pays à Istanbul en 2018, outre les appels non-officiels au boycott des produits et du tourisme turcs.