Les prémices de la tension entre les États-Unis et les milices iraniennes en Syrie ont commencé à refaire surface au cours des dernières heures, après que les bases américaines dans l’est de la Syrie ont subi des attaques par missiles causant des dégâts matériels.
Il convient d’indiquer que la télévision du régime syrien a annoncé lundi soir qu’une base américaine avait été attaquée près du champ pétrolier d’Al-Omar dans la campagne orientale de Deir Ez-Zor, sans fournir d’informations supplémentaires sur l’attaque, tandis que des sources syriennes de défense des droits humains ont indiqué que les attaques ont été menées à l’aide des roquettes.
Bataille à horizons ouverts
Commentant les attaques susmentionnées, le politologue « Hossam Youssef » considère que les attaques mutuelles entre les deux parties ne seront pas temporaires et que les affrontements entre les États-Unis et l’Iran ont commencé à entrer dans une nouvelle phase appelée « bataille à horizons ouverts », en supposant que le ciblage de la base américaine en Syrie est une tentative iranienne d’empêcher les États-Unis de continuer à cibler les milices à l’intérieur du territoire syrien.
Il a également exclu que l’attaque sur la base américaine quelques heures après les raids aériens américains sur les bases iraniennes en Syrie soit une simple coïncidence, mais plutôt un message de la nouvelle direction radicale iranienne dans une tentative d’imposer de nouvelles règles du jeu visant à atténuer l’intensité des attaques américaines contre les milices.
Il est à souligner aussi que le président américain, Joe Biden, a émis un ordre de frapper les milices affiliées à Hachd al-Chaabi sur la frontière syro-irakienne, selon des sources bien informées ont révélé, en soulignant que cibler les milices irakiennes soutenues par l’Iran en Syrie et en Irak est un message confirmant l’intolérance des États-Unis envers toute attaque contre leurs forces, d’autant plus qu’ils possèdent des forces suffisantes dans la région.
Dans le même contexte, « Youssef » estime que les deux parties, américaine ou iranienne, essaient de gérer les évolutions politiques en Iran pour servir leurs intérêts, en expliquant : « L’arrivée de l’extrémiste Raïssi au pouvoir à Téhéran a mis à la fois Washington et Téhéran devant la nécessité de s’imposer par la force sur les équations au Moyen-Orient. Les États-Unis veulent en effet démontrer leur puissance et qu’ils sont capables d’affronter un gouvernement extrémiste en Iran, tandis que les extrémistes en Iran veulent confirmer leur capacité de diriger le pays et maintenir l’influence de l’Iran dans la région, ce qui pourrait conduire à une intensification des affrontements indirects entre les deux parties.
Par ailleurs, « Youssef » considère que le territoire syrien, dans les circonstances actuelles et ainsi que la persistance de la situation d’instabilité, représente une scène idéale pour le conflit entre l’Iran et les Etats-Unis, particulièrement que les deux parties exploiteront la faiblesse du régime de « Bachar al-Assad » et l’effondrement de l’État syrien, en ajoutant que les affrontements à venir entre Washington et Téhéran, soit en Syrie ou en Irak, façonneront clairement le statut de l’influence iranienne dans l’ensemble de la région.
Empreintes israéliennes
Il n’est ni surprenant ni inattendu que les raids américains contre les milices iraniennes en Syrie coïncident avec la rencontre, qui a eu lieu au cours des deux derniers jours, entre le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lebed et son homologue américain Anthony Belinken, selon les propos du chercheur spécialiste de la région du Moyen-Orient, Moataz Al-Khalidi, en considérant que les raids américains représentent un message américain pour rassurer Israël, sur la position de Washington par rapport aux questions de l’influence iranienne au Moyen-Orient et le dossier nucléaire iranien, d’autant plus que le ministre israélien a révélé lors de la réunion qu’’il y a des réserves israéliennes sur les négociations en cours entre les États-Unis et l’Iran dans la capitale autrichienne, Vienne.
Al-Khalidi a indiqué également que les États-Unis pourraient intensifier leurs attaques contre les milices iraniennes en Syrie en particulier, étant donné que le gouvernement israélien observe avec inquiétude la présence iranienne sur le sol syrien, en estimant que l’Iran tentera d’empêcher les États-Unis de continuer à cibler ses bases militaires en Syrie, par le biais d’opérations limitées et d’attaques contre des bases américaines dans le désert syrien.
Dans un autre contexte, « Al-Khalidi » considère que les États-Unis et Israël vont tenter d’empêcher une reproduction du scénario irakien en Syrie, et que les milices prennent le contrôle total du pays ou sur des zones stratégiques, notamment avec la possibilité que des milices exploitent ces zones pour le lancement de drones vers la frontière sud. Il a ajouté que l’administration américaine semble être fatiguée de la possibilité que le régime iranien soit convaincu des solutions diplomatiques et politiques, sans une pression militaire claire sur son pouvoir à l’extérieur des frontières.
Il est à rappeler qu’Israël avait précédemment accusé le régime iranien de superviser le projet de production et de développement de drones dans le sud de Damas, par l’intermédiaire des cadres des Gardiens de la révolution iraniens et de la milice libanaise du Hezbollah.
L’Iran et le langage inutile de l’escalade
Face à la volonté des États-Unis de lancer davantage de raids contre des cibles appartiennent aux milices iraniennes, le chercheur stratégique « Kamal al-Din Hassan » a insisté sur la nécessité pour l’Iran de tenter d’éviter une escalade avec l’armée américaine, en prévenant que toute escalade iranienne sera contrée par une escalade militaire et économique américaine.
En outre, « Hassan » a indiqué que la direction iranienne s’est trompée en soutenant les extrémistes à contrôler le gouvernement du pays, à travers leur contrôle du Parlement, et l’élection d’Ibrahim Raïssi » président de la République, en s’interrogeant sur l’ampleur de la capacité de l’Iran à revenir à nouveau sur les sanctions économiques pour gangréner ce qui reste du système financier et bancaire iranien.
Hassan a dit : « L’Iran avait besoin d’un esprit politique et diplomatique plus qu’une mentalité sanglante et obstinée comme Raïssi. Aujourd’hui, l’Iran pousse la nouvelle administration américaine à adopter le plan de l’ancien président Donald Trump pour le resserrement économique associé aux frappes militaires. Il est donc probable que la période à venir verra une opération de liquidation au même poids que l’ancien commandant de la Force al-Qods, « Qassem Soleimani », en cas d’intensification des affrontements entre Washington et Téhéran en Syrie.